L'ambassadeur saoudien à Londres s'est inquiété lundi des critiques britanniques contre la situation des droits de l'Homme en Arabie saoudite, jugeant qu'elles menaçaient la coopération entre les deux pays, après le retrait de Londres d'un appel d'offre saoudien.
"L'Arabie saoudite est un état souverain. (...) Tout comme nous respectons les traditions locales, coutumes, lois et religions de Grande-Bretagne, nous attendons que le Royaume-Uni fasse preuve du même respect envers nous", a écrit le prince Mohammed bin Nawaf bin Abdulaziz dans une tribune au Daily Telegraph. "Il y a eu une entorse récente à ce respect mutuel quand Jeremy Corbyn, leader de l'opposition, a prétendu avoir convaincu le Premier ministre David Cameron d'annuler un contrat sur le système pénitentiaire avec l'Arabie saoudite valant 5,9 millions de livres. Cela a coïncidé avec des spéculations liant cette annulation à un certain nombre d'évènements dans le royaume", a continué l'ambassadeur saoudien.
Le retrait il y a deux semaines de la candidature britannique de cet appel d'offres est intervenu alors que Londres s'inquiète du sort de l'un de ses ressortissants condamné à la flagellation en Arabie saoudite.
"Si les importants liens commerciaux entre les deux pays sont désormais subordonnés à certaines idéologies politiques, alors ces échanges commerciaux vitaux seront menacés", a prévenu le prince Mohammed bin Nawaf bin Abdulaziz. Selon lui, l'Arabie Saoudite donne du travail à 50.000 familles britanniques, dans les deux pays, grâce à des contrats commerciaux valant "des dizaines de milliards de livres" et les Saoudiens ont réalisé 90 milliards de livres d'investissements privés au Royaume-Uni.
L'ambassadeur souligne par ailleurs que les services secrets de son pays constituent une "inestimable source d'informations sur les activités des groupes terroristes", pointant qu'une information communiquée en 2010 au Royaume-Uni au sujet d'une tentative d'attentat a potentiellement sauvé "des milliers" de vies.
La justice saoudienne est régulièrement critiquée par la communauté internationale pour la sévérité et la légitimité des condamnations qu'elle inflige.
Amnesty International a indiqué en août qu'au moins 2.208 personnes avaient été exécutées en Arabie saoudite entre janvier 1985 et juin 2015, dont près de la moitié étaient des étrangers. Des mineurs et des handicapés mentaux figuraient également parmi les personnes exécutées.