Londres - Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a défendu sa politique sécuritaire mercredi dans une interview à la BBC, enregistrée avant de s'envoler pour Londres pour une visite qui soulève des protestations au Royaume-Uni.
M. Sissi est arrivé mercredi après-midi dans la capitale britannique pour une visite de trois jours qui commence officiellement jeudi.
Sa venue intervient alors que Londres a suspendu les vols entre Charm el-Cheikh et le Royaume-Uni après avoir reçu de nouvelles informations laissant craindre qu'une bombe n'ait été responsable du crash samedi d'un avion russe dans le Sinaï égyptien.
Abdel Fattah al-Sissi doit évoquer la question avec le Premier ministre britannique David Cameron qu'il rencontrera jeudi à Downing Street lors d'une réunion consacrée à la coopération en matière de sécurité.
Une première manifestation à l'appel notamment de l'organisation pacifiste Stop the War Coalition et de la Muslim Association of Britain (Association des musulmans du Royaume-Uni) a réuni environ 200 personnes à proximité de Downing Street. Nous sommes ici ce soir pour protester contre la venue du dictateur al-Sissi, l'homme qui a écrasé la démocratie égyptienne, a déclaré Chris Nineham de Stop the War Coalition.
Les manifestants tenaient des pancartes proclamant Sisi not welcome (Sissi n'est pas le bienvenu) ou No deals with Egypt (Pas d'accords avec l'Egypte).
Avant d'atterrir, Abdel Fattah al-Sissi a défendu sa politique dans des interviews à la presse britannique. Au cours des cinq dernières années, nous avons vécu dans une situation de révolution. Nous voulons de la stabilité, nous ne voulons pas faire cela par la force ou la répression (...) mais l'Égypte fait face à des problèmes monumentaux, a déclaré le président égyptien à la BBC.
Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi en 2013, plus de 1.400 manifestants réclamant son retour ont été tués, plus de 15.000 Frères musulmans et sympathisants emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs vivement dénoncés par l'ONU.
De même, les manifestations des jeunes libéraux et laïcs qui avaient mené la révolte contre l'ancien président Hosni Moubarak ont été sévèrement réprimées et leurs leaders emprisonnés.
Ces arrestations ont été faites dans le cadre de la loi. Ce ne sont pas des détentions illégales, a soutenu M. Sissi.
Il y a une véritable feuille de route pour la démocratie en Égypte, a également assuré le président égyptien, qualifiant les récentes élections législatives, marquées par un faible taux de participation, de transparentes.