Dacca - Le Bangladesh a renforcé la sécurité à travers le pays dimanche après l'exécution par pendaison de deux personnalités de l'opposition condamnées pour des crimes commis lors de la guerre d'indépendance de 1971 d'avec le Pakistan.
Des milliers de policiers et de gardes-frontières ont été déployés en renfort à Dacca et dans les principales villes du pays alors que l'opposition a appelé à une grève générale pour protester contre ces exécutions, selon des responsables de la sécurité.
Les deux hommes ont été pendus quelques heures après le rejet par le président Abdul Hamid de leurs demandes de grâce, à 00H45 (18H45 GMT), selon le ministre de la Justice Anisul Huq.
Ali Ahsan Mohammad Mujahid était le numéro deux du plus important parti islamiste du pays, Jamaat-e-Islami, et Salahuddin Quader Chowdhury était un proche conseiller de Khaleda Zia, la chef du principal parti d'opposition, le parti nationaliste du Bangladesh.
Des centaines de policiers ont été déployés devant la centrale pénitentiaire de Dacca où les exécutions ont eu lieu. La sécurité a également été nettement renforcée dans les villes d'origine des deux condamnés, dont les funérailles ont eu lieu dans la matinée.
La condamnation à mort des deux hommes en 2013 avait suscité les plus graves violences dans le pays depuis son indépendance. Quelque 500 personnes avaient été tuées, principalement dans des affrontements entre des militants du Jamaat-e-Islami et la police.
Après l'annonce des pendaisons, des partisans de la Ligue Awami, le parti du la Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina, sont descendus dans les rues de Dacca pour manifester leur satisfaction.
Mujahid, 67 ans, accusé du meurtre d'intellectuels de premier plan lors de la sanglante guerre d'indépendance de 1971, avait été condamné à mort pour crimes de guerre.
Chowdhury, 66 ans, ancien député, avait été condamné pour des atrocités commises pendant la guerre d'indépendance, notamment pour génocide.
Mercredi, la Cour suprême du Bangladesh avait rejeté l'ultime appel des condamnés, confirmant leur condamnation à mort prononcée par un tribunal spécial très controversé mis en place par le gouvernement en 2010. Dix-huit dirigeants de l'opposition ont été condamnés par ce tribunal spécial.
Le Jamaat a qualifié de farce le procès de Mujahid, destinée selon le parti islamiste à éliminer ses dirigeants.
Les organisations étrangères de défense des droits de l'homme critiquent le tribunal spécial mis en place par le gouvernement, estimant qu'il ne respecte pas les normes internationales en matière de justice.
L'organisation de défense des droits l'homme Human Rights Watch basée à New York avait appelé vendredi le Bangladesh à surseoir à l'exécution imminente des deux opposants.
Mme Hasina, dont le père Sheikh Mujibur Rahman avait dirigé le mouvement d'indépendance, affirme que trois millions de personnes ont été tuées au cours du conflit de 1971.
La guerre avait débouché sur la naissance du Bangladesh, qui était depuis 1947 une province du Pakistan appelée Bengale oriental, puis Pakistan oriental.