(Agence France-Presse) Islamabad - Le Pakistan a suspendu mardi l'exécution d'un homme paraplégique, quelques heures avant sa pendaison, mise à mort qui aurait été la 300e en moins d'un an selon Amnesty International.
L'exécution d'Abdul Basit, condamné pour meurtre en 2009, avait déjà été reportée à trois reprises en raisons d'interrogations sur la possibilité de pendre un homme incapable de se tenir debout.
Dans un communiqué, le président pakistanais Mamnoon Hussain a indiqué que l'exécution était retardée de deux mois et a ordonné une enquête approfondie sur l'état de santé de M. Basit, assurant que «les droits de l'Homme seront respectés».
«Nous sommes très heureux d'apprendre que le président du Pakistan a suspendu l'exécution», a déclaré à l'AFP la mère de Basit, Nusrat Parveen.
Quelques heures plus tôt, la soeur du condamné, Asma Mazhar, avait lancé un appel à la clémence au président.
Les deux femmes avaient rendu visite mardi à Basit pour lui dire adieu. Il était «impuissant et calme», a raconté Asma Mazhar, ajoutant que les autorités pénitentiaires étaient venues mesurer son corps, «c'était un moment terrible».
Le Commission des droits de l'Homme du Pakistan avait indiqué avoir également écrit au premier ministre Nawaz Sharif pour réclamer la suspension de l'exécution.
Amnesty International a indiqué mardi avoir décompté 299 exécutions depuis la fin du moratoire sur la peine de mort en décembre 2014.
Le pays «s'est fait une place dans la liste de la honte des pires exécuteurs de la planète», selon Amnesty.
Il n'y a pas de statistiques officielles. Le groupe de défense des droits de l'Homme Reprieve a indiqué de son côté à l'AFP que son décompte venait de dépasser les 300 mises à mort, tandis que d'autres organisations ont décompté moins de 260 exécutions.
«Même si les autorités suspendent l'exécution d'Abdul Basit, qui est paraplégique, le Pakistan continue à exécuter près d'une personne par jour», avait souligné plus tôt dans la journée David Griffiths, responsable d'Amnesty pour l'Asie du Sud.
Le Pakistan a relancé les exécutions en réaction à un massacre perpétré par des insurgés talibans dans une école de Peshawar fin 2014, la pire attaque terroriste jamais subie par le pays.
Islamabad a levé le moratoire sur la peine de mort en place depuis six ans, mais seuls les condamnés pour terrorisme étaient initialement concernés -- avant que la pendaison soit élargie à d'autres types de crimes en mars.
Les partisans estiment que les exécutions sont la seule manière de faire face au fléau de l'extrémisme, mais les critiques soulignent que le système judiciaire n'est ni équitable ni fiable.
En 2014, 607 personnes ont été mises à mort dans 22 pays, selon Amnesty -- un chiffre qui ne comprend pas la Chine, où le nombre d'exécutions reste un secret d'État.