La justice égyptienne a ordonné jeudi un nouveau procès pour le chef des Frères musulmans Mohamed Badie et 36 autres personnes, condamnés à mort ou à la prison à perpétuité pour avoir planifié des attaques contre l'Etat, ont indiqué des responsables judiciaires.
Depuis que le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, a été destitué par l'armée en 2013, ses partisans sont la cible d'une répression policière qui a fait des centaines de morts, et les autorités sont accusées d'instrumentaliser la justice dans leur lutte contre les islamistes.
En avril, M. Badie et 13 autres personnes avaient été condamnés à la peine de mort, tandis que 34 autres au moins avaient écopé de la prison à vie, soit 25 années de détention.
Mais la Cour de cassation a annulé jeudi les peines de 37 condamnés qui sont actuellement derrière les barreaux et ordonné un nouveau procès, ont indiqué à l'AFP l'un des juges du panel qui a prononcé ce verdict, et un avocat des accusés, Abdel Moneim Abdel Maqsoud.
Parmi ces 37, figurent 12 condamnés à mort, dont M. Badie, a précisé l'avocat. Et parmi les condamnés à la prison à perpétuité on compte notamment Gehad Haddad, un ancien porte-parole du parti des Frères musulmans, ainsi que Mohamed Soltan, un jeune citoyen égypto-américain. Ce dernier a été expulsé en mai vers les Etats-Unis, en vertu d'un décret présidentiel autorisant le transfert vers leur pays des étrangers condamnés ou en instance de jugement.
Ils sont accusés d'avoir établi un "centre d'opérations" en vue de "préparer des attaques contre l'Etat", au moment où les partisans de M. Morsi observaient un immense sit-in au Caire sur la place Rabaa al-Adawiya. Ce rassemblement avait été dispersé le 14 août 2013 et plus de 700 manifestants islamistes ont été tués par les forces de l'ordre.
M. Badie a également été condamné à mort en juin au côté de M. Morsi pour des violences durant la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir. Il a écopé de la prison à vie dans cinq autres affaires.
L'Onu a critiqué les centaines de condamnations à mort prononcées en Egypte dans des procès de masse expéditifs, et la Cour de cassation en a annulé des dizaines.