L'exécution prévue en décembre du poète palestinien Ashraf Fayadh, condamné à mort pour apostasie en Arabie saoudite, serait "arbitraire et donc illégale", ont estimé jeudi plusieurs experts de l'Onu.
Arrêté une première fois en août 2013 et relaxé, il a été à nouveau interpellé le 1er janvier 2014 et inculpé d'apostasie puis condamné à 800 coups de fouets et quatre ans de prison, une peine qui a donc été alourdie en appel, le mois dernier.
"La promotion de réactions d'une telle violence à une forme légitime d'opinion et d'expression a un effet saisissant pour toute la société saoudienne", écrit David Kayne, rapporteur spécial de l'Onu pour la liberté d'expression, dans un communiqué cosigné par Christof Heyns, son homologue pour les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, et quatre experts indépendants.
La peine de mort, soulignent-ils, a été prononcée sur la foi des poèmes de l'artiste et de la déposition d'un unique témoin, qui dit l'avoir entendu tenir des propos blasphématoires dans un café. En première instance, le tribunal avait classé l'affaire, jugeant que ce témoin avait des comptes à régler avec le prévenu.
Ashraf Fayadh "va être exécuté sur la foi d'éléments apparemment infondés et après un procès inéquitable parce qu'il a exercé son droit à la liberté d'expression", ajoute Christof Heyns.
Le système judiciaire saoudien est fondé sur la charia et les juges sont des religieux issus de l'école wahhabite, une interprétation rigoriste de l'islam dans laquelle le blasphème et le renoncement à la foi musulmane sont passibles de la peine de mort.
(Tom Miles, Jean-Philippe Lefief pour le service français)