Téhéran - L'Arabie saoudite paiera un prix élevé pour l'exécution du dignitaire chiite saoudien Nimr Baqer al-Nimr, a averti samedi le ministère iranien des Affaires étrangères, en dénonçant l'irresponsabilité de Ryad.
Le chargé d'affaires saoudien a été convoqué samedi au ministère à Téhéran où le vice-ministre Hossein Amir Abdollahian lui a remis la protestation de l'Iran, selon la télévision d'Etat.
Le gouvernement saoudien soutient d'un côté les mouvements terroristes et extrémistes et dans le même temps utilise le langage de la répression et la peine de mort contre ses opposants intérieurs (...) Il paiera un prix élevé pour ces politiques, a déclaré le porte-parole du ministère, Hossein Jaber Ansari, cité par l'agence officielle Irna, après l'exécution de 47 personnes condamnées pour terrorisme en Arabie saoudite.
L'exécution d'une personnalité comme cheikh al-Nimr qui ne faisait que poursuivre des buts politiques et religieux montre uniquement le manque de sagesse et l'irresponsabilité du gouvernement saoudien, a-t-il ajouté.
De son côté, la branche estudiantine de la milice Bassidji, qui dépend des Gardiens de la révolution, l'unité d'élite des forces armées iraniennes, a appelé à une manifestation dimanche après-midi devant l'ambassade d'Arabie saoudite à Téhéran.
En signe de protestation, toutes les écoles religieuses de la République islamique seront fermées dimanche et une manifestation aura lieu à la grande mosquée de Qom, la ville sainte et religieuse d'Iran où le cheikh al-Nimr avait étudié.
Plusieurs personnalités iraniennes, dont le président du Parlement Ali Larijani, ont rapidement et vivement condamné cette exécution.
Le régime saoudien ne pourra pas se sortir facilement du bourbier qu'il a lui-même créé avec le martyr (la mort) de ce grand cheikh, a affirmé M. Larijani, cité par Irna.
L'ayatollah Ahmad Khatami, un prêcheur ultraconservateur des prières du vendredi, a de son côté affirmé que sans aucun doute, ce sang versé par les exécutions allait accélérer la destruction de l'Arabie saoudite, selon l'agence Isna.
Le cheikh Nimr al-Nimr, 56 ans, qui fait partie des 47 personnes exécutées samedi en Arabie saoudite, était un virulent critique de la dynastie sunnite des Al-Saoud. Il a été la figure de proue d'un mouvement de contestation qui avait éclaté en 2011 dans l'est de l'Arabie où vit l'essentiel de la minorité chiite.
Cette communauté, qui se concentre dans la Province orientale, se plaint d'être marginalisée dans ce pays majoritairement sunnite.
Le cheikh Nimr avait été condamné à mort en octobre 2014 pour sédition, désobéissance au souverain et port d'armes par un tribunal de Ryad spécialisé dans les affaires de terrorisme.
L'Iran, puissance chiite dont les relations sont tendues avec l'Arabie saoudite, a mis en garde à plusieurs reprises Ryad contre l'exécution de ce chef religieux chiite.