Plus d'un millier de personnes ont manifesté dans deux lieux de Téhéran dimanche après-midi. Elles ont protesté contre l'exécution du dignitaire chiite saoudien Nimr Baqer al-Nimr.
Un millier de manifestants se sont rassemblés à proximité de l'ambassade de l'Arabie Saoudite, malgré l'interdiction du gouvernement pour éviter de nouveaux dérapages après l'attaque lancée dans la nuit contre ce bâtiment qui a été en partie incendié. Les forces anti-émeutes présentes en nombre ont empêché les manifestants de s'approcher de la représentation diplomatique saoudienne.
Les manifestants ont crié "mort à al-Saoud", du nom de la famille régnante à Ryad et des drapeaux américains et israéliens ont été brûlés. Le chef de la police de Téhéran, présent sur les lieux, a demandé aux manifestants de se disperser.
Au même moment, 300 à 400 personnes se sont rassemblées place Palestine pour dénoncer l'exécution du dignitaire chiite saoudien criant eux aussi des slogans hostiles au régime de Ryad, aux Etats-Unis et à Israël. D'autres rassemblements ont également eu lieu dans d'autres villes iraniennes.
Quarante personnes ont été arrêtées en lien avec l'attaque de l'ambassade à Téhéran, a annoncé le procureur de la capitale. Quatre autres personnes ont été arrêtées à Machhad.
Attaques "injustifiables"
Tout en dénonçant l'exécution de cheikh Nimr, le président iranien Hassan Rohani a qualifié de "totalement injustifiables" les attaques contre les représentations saoudiennes, que la police diplomatique a été chargée de "protéger".
L'affaire semble avoir balayé les espoirs de constitution d'un front commun contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI), susceptible d'ouvrir la voie à un rapprochement entre deux puissances du Golfe, qui s'affrontent indirectement en Syrie et au Yémen.
Vengeance divine
"Le sang injustement versé du martyr opprimé va, à n'en pas douter, faire son effet et la vengeance divine va s'abattre sur la classe politique saoudienne", a promis dimanche l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution iranienne, cité par la télévision publique.
La veille, sur son site internet, il avait diffusé un montage photo montrant deux bourreaux, l'un saoudien et l'autre de l'EI, sous le sous-titre "Quelle différence ?".
Des chiites ont également manifesté en Arabie saoudite, à Bahreïn et en Irak. Au Liban, le mouvement chiite Hezbollah soutenu par l'Iran a dénoncé "un crime haineux perpétré sur la base de fausses allégations".
Inquiétude des Occidentaux
Au-delà du Moyen-Orient, son exécution préoccupe les Etats-Unis, soutien traditionnel de l'Arabie saoudite, qui craignent que les "tensions communautaires" dans ce pays "s'exacerbent à un moment où il est urgent de les apaiser".
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé "au calme et à la modération dans les réactions à l'exécution" et demandé "à tous les dirigeants de la région de chercher à éviter l'exacerbation des tensions sectaires".
Pour la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, "ce cas a le potentiel d'enflammer un peu plus les tensions sectaires qui font déjà beaucoup de dégâts dans la région".