L'ONG Amnesty International dénonce mardi dans un nouveau rapport ce qu'elle qualifie d'hypocrisie de l'Iran. D'après le document, les autorités iraniennes tentent régulièrement d'étouffer des violations persistantes des droits des mineurs.
"Malgré quelques réformes sur le terrain de la justice pour mineurs, l'Iran reste loin derrière le reste du monde, conservant des lois permettant que des mineurs soient condamnés à mort à partir de neuf ans pour les filles et de 15 ans pour les garçons", précise Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
Les autorités iraniennes se sont pourtant félicitées de certaines modifications apportées au code pénal islamique en 2013 et qui visaient à remplacer la peine de mort par un autre châtiment "s'appuyant sur une évaluation de la maturité psychologique des accusés au moment de leur crime présumé". Mais dans les faits, dénonce Amnesty, "elles mettent à nu les manquements systématiques de l'Iran à un engagement pris il y a deux décennies, lorsqu'il a ratifié la Convention relative aux droits de l'Enfant (CDE), concernant l'abolition du recours à la peine de mort contre les personnes qui étaient mineures au moment de leur crime présumé".
Selon le rapport, au moins 73 condamnés de ce type ont été exécutés sur les dix dernières années, et l'Onu rapporte qu'au moins 160 personnes condamnées à mort alors qu'elles étaient mineures se trouvent encore de le couloir de la mort.
A la suite des réformes constitutionnelles, ces condamnés sont en droit d'être rejugés. Seulement, dénonce Amnesty, dans les faits nombre d'entre eux n'ont pas été informés de leur droit, et pour ceux qui sont rejugés, "il est souvent considéré qu'ils avaient atteint le stade de la 'maturité psychologique' au moment des faits qu'on leur reproche" et sont dès lors à nouveau condamnés à mort.
"La vie ou la mort d'une personne condamnée quand elle était mineure ne doit pas se jouer sur le coup de tête d'un magistrat. Au lieu d'introduire des demi-réformes qui s'avèrent très insuffisantes, les autorités iraniennes doivent reconnaître qu'il est nécessaire de commuer toutes les condamnations à mort prononcées contre ces jeunes, et s'abstenir une fois pour toutes de condamner à la peine capitale des personnes qui étaient mineures au moment des faits qu'on leur reproche", plaide l'ONG.