LE CAIRE, Égypte – Un tribunal égyptien a recommandé, samedi, la peine capitale pour six personnes, dont deux employés de la chaîne de télévision Al-Jazeera, accusées d'avoir transmis des documents liés à la sécurité nationale au Qatar et à Al-Jazeera, qui est établie à Doha, durant la présidence de Mohammed Morsi.
Le verdict pour M. Morsi, destitué par l'armée en 2013 après un an au pouvoir, et pour quatre autres défendeurs, incluant le directeur du bureau de l'ancien président islamiste et son secrétaire privé, sera rendu le 18 juin, a annoncé le juge Mohammed Shirin Fahmy.
Les deux membres du personnel d'Al-Jazeera, identifiés par le magistrat comme étant le producteur Alaa Omar Mohammed et le rédacteur en chef Ibrahim Mohammed Hilal, ont été condamnés par contumace, tout comme Asmaa al-Khateib, qui a travaillé pour Rasd, un média soupçonné d'avoir des liens avec les Frères musulmans, dont fait partie Mohammed Morsi.
Après la chute de M. Morsi, l'Égypte a banni les Frères musulmans de son territoire, décrétant qu'il s'agissait d'une organisation terroriste.
Dans un courriel envoyé à l'Associated Press, un porte-parole d'Al-Jazeera a déclaré que la chaîne rejetait les «allégations absurdes» selon lesquelles MM. Mohammed et Hilal auraient collaboré avec le gouvernement élu de Mohammed Morsi.
Les relations entre l'Égypte et le Qatar sont tendues depuis la destitution de M. Morsi, qui bénéficiait du soutien du petit mais riche État du golfe Persique. Le Caire a reproché à Al-Jazeera d'avoir un préjugé favorable envers les militants islamistes dans sa couverture de l'actualité en sol égyptien et ailleurs au Moyen-Orient.
L'an dernier, le président Abdel-Fattah el-Sissi avait accordé son pardon à deux journalistes du réseau anglais d'Al-Jazeera emprisonnés en Égypte.
Le Canadien d'origine égyptienne Mohamed Fahmy et l'Égyptien Baher Mohamed avaient été arrêtés en décembre 2013 puis condamnés deux ans plus tard à trois ans de prison pour avoir diffusé ce que la cour avait qualifié de «fausses nouvelles» et de reportages tendancieux en faveur des Frères musulmans.
Le procès des deux hommes, jugés en même temps que l'Australien Peter Greste, qui avait toutefois été déporté en février 2015, avait été vivement critiqué par la communauté internationale. Mohamed Fahmy est finalement revenu au Canada en octobre 2015.
Le magistrat Fahmy a précisé, samedi, que les documents relatifs aux six accusés seraient envoyés au grand mufti, le plus haut dirigeant religieux d'Égypte, pour examen.
L'opinion du mufti n'étant pas contraignante, les six personnes recevront leur peine aux côtés des cinq autres défendeurs le 18 juin.