Le président philippin élu Rodrigo Duterte a défendu par avance lundi sa campagne imminente de répression contre le crime en accusant les défenseurs des droits de l'Homme de «stupidité» et en expliquant que la peine de mort servait à se venger.
M. Duterte a prononcé un long discours à Davao, la ville méridionale dont il est maire, pour expliquer sa vision de la politique à trois jours de sa prise de fonctions jeudi.
«Ces (groupes) des droits de l'Homme, ces parlementaires, comme vous êtes stupides», a-t-il dit de ceux qui critiquent ses projets d'imposer des couvre-feux nocturnes aux mineurs et de rétablir la peine de mort.
«Je crois au châtiment. Pourquoi? On doit payer. Quand on tue quelqu'un, quand on viole, on doit mourir», a-t-il lancé.
L'avocat controversé de 71 ans a remporté une victoire écrasante à l'élection présidentielle de mai après une campagne sécuritaire outrancière.
Il a promis de faire tuer des dizaines de milliers de criminels supposés, jugeant que les Philippines étaient menacées de devenir un narcoÉtat.
Depuis sa victoire, il a également promis des récompenses aux policiers qui tueraient des trafiquants de drogue et encouragé les citoyens ordinaires à tuer ou arrêter des suspects.
Rodrigo Duterte est accusé d'avoir orchestré des escadrons de la mort à Davao, où ils auraient tué plus de 1.000 personnes, selon les défenseurs des droits de l'Homme.
À l'étranger comme dans l'archipel, des associations des droits de l'Homme se sont alarmées de ces projets, craignant de voir dans tout l'archipel des assassinats extrajudiciaires similaires à ceux de Davao.
Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a appelé récemment le président élu à renoncer à rétablir la peine capitale, critiquant aussi d'autres aspects de son programme anticriminalité.
«Les propositions visant à récompenser les milices, ses encouragements aux meurtres extrajudiciaires adressés aux forces de sécurité, constituent d'énormes pas en arrière qui pourraient déboucher sur de la violence à grande échelle et sur le chaos», a-t-il dit.
Mais M. Duterte n'en démord pas: «Quand ils décrivent les violations des droits de l'Homme, ces imbéciles dépeignent les gens qui sont tués sous les traits de saints, comme s'ils étaient innocents, dignes de pitié».
Les Philippines avaient aboli la peine de mort en 2006 à la suite d'une virulente campagne de l'Église catholique.
Environ 80% des 100 millions de Philippins sont des catholiques fervents.