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ONU: Amnesty et HRW veulent que Ryad ne siège plus au Conseil des droits de l'homme

dépêche de presse du 29 juin 2016 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Arabie Saoudite
Nations unies (Etats-Unis) - Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) ont appelé mercredi à suspendre l'Arabie saoudite du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, l'accusant d'avoir utilisé cet organe pour faire obstruction à la justice en liaison avec de possibles crimes de guerre au Yémen.

Dans une déclaration conjointe, les deux organisations ont demandé à l'Assemblée générale de l'ONU de prendre cette décision en raison de violations flagrantes et systématiques des droits de l'homme par Ryad.

Elles ont annoncé lors d'une conférence de presse à New York qu'elles allaient faire pression sur l'Assemblée afin d'obtenir un vote en ce sens, tout en reconnaissant que ce serait difficile.

Depuis la création du Conseil, basé à Genève, seule la Libye en a été suspendue en 2011 pour protester contre la répression des opposants par le régime de Mouammar Kadhafi.

L'Arabie saoudite est l'un des 47 membres du Conseil. Le royaume a été élu pour une période de trois ans qui s'achève le 31 décembre prochain.

Il faudrait une majorité des deux-tiers pour l'en expulser, ce qui parait improbable à des diplomates à l'ONU.

Depuis plusieurs mois, l'Arabie saoudite a dépassé la mesure et n'est plus digne de siéger au Conseil, a estimé Philippe Bolopion, directeur adjoint de HRW.

L'ONG accuse Ryad de viser les civils au Yémen, où une coalition menée par l'Arabie saoudite soutient le gouvernement contre des rebelles chiites, et d'utiliser des bombes à sous-munitions interdites par une convention internationale.

Amnesty accuse le royaume de mener une répression brutale des opposants et d'appliquer la peine capitale pour des crimes qui ne le méritent pas selon la législation internationale.

Depuis 2013, tous les principaux défenseurs des droits de l'homme dans le royaume ont été jetés en prison, menacés ou ont dû s'exiler, a affirmé Richard Bennett, directeur d'Amnesty pour l'ONU.

Amnesty et HRW ont demandé que la suspension de Ryad soit effective jusqu'à ce qu'il soit mis fin aux attaques illégales de la coalition militaire (conduite par l'Arabie saoudite) au Yémen et qu'elles fassent l'objet d'une enquête crédible et impartiale.

La coalition intervient au Yémen depuis mars 2015 en soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi, forcé à l'exil par des rebelles chiites soutenus par l'Iran et qui contrôlent la capitale Sanaa.

La guerre a fait, selon l'ONU, plus de 6.400 morts et 30.000 blessés, dont de nombreux civils.

En mars, le commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al-Hussein, avait affirmé que la coalition était responsable de la plupart des victimes civiles au Yémen.

Mais la coalition a toujours affirmé ne pas prendre les civils pour cibles, utiliser des armes de précision et veiller à ce que la population ne soit pas touchée.

Les possibles crimes de guerre de la coalition au Yémen devraient faire l'objet d'une enquête du Conseil des droits de l'homme, a estimé Richard Bennett.

Au lieu de cela, l'Arabie saoudite a cyniquement utilisé le Conseil pour empêcher une résolution permettant une enquête internationale, a-t-il affirmé.

Les deux organisations ont par ailleurs dénoncé la dure répression de toute forme de dissidence interne en Arabie saoudite durant la participation de ce pays au Conseil.

Interrogé par des journalistes à Paris, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a estimé scandaleux d'accuser Ryad de tuer des civils au Yémen. La coalition est très prudente dans le choix des cibles de ses opérations et ne s'en prend pas aux civils, a-t-il affirmé.
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