Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réitéré qu'il n'écartait pas le rétablissement de la peine de mort dans son pays après le coup d'Etat manqué à la veille du week-end, dans un entretien diffusé lundi sur la chaîne américaine CNN.
Le dirigeant a également assuré que son gouvernement présenterait aux Etats-Unis une demande formelle d'extradition du prédicateur musulman en exil Fethullah Gülen, qu'il accuse d'avoir fomenté la tentative de putsch.
Interrogé sur l'éventualité d'un rétablissement de la peine de mort pour les auteurs présumés du coup de force, M. Erdogan --dont les propos étaient traduits par un interprète-- a déclaré: "Il y a un délit évident de traîtrise". "Mais évidemment, il faudra une décision parlementaire pour que cela prenne effet sous forme d'une mesure constitutionnelle", a-t-il ajouté.
Ankara a aboli la peine de mort en 2004 dans le cadre de sa candidature à l'Union européenne.
"Les dirigeants devront donc se réunir et en discuter. S'ils acceptent d'en débattre, en tant que président, j'approuverai toute décision qui sera prise au Parlement", a-t-il dit.
Le pouvoir turc a intensifié lundi les purges après le putsch manqué dans la nuit de vendredi à samedi, avec plus de 7.500 personnes, y compris de hauts gradés de l'armée, placées en détention et près de 9.000 policiers, gendarmes et fonctionnaires limogés.
Les Etats-Unis, l'Union Européenne et l'Otan ont mis en garde lundi la Turquie contre la tentation d'une répression généralisée et du rétablissement de la peine de mort.
Recep Tayyip Erdogan a accusé Fethullah Gülen d'être derrière la tentative de coup d'Etat et a demandé aux Etats-Unis d'extrader l'opposant de 75 ans qui vit reclus aux Etats-Unis depuis 1999.
Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a estimé que le régime turc devait présenter "des preuves, pas des allégations" contre Fethullah Gülen, qui a rejeté toute implication.
Le président turc a assuré sur CNN que son pays présenterait sous peu une demande formelle d'extradition. "Nous avons un accord réciproque d'extradition des criminels", a-t-il dit à la chaîne américaine. "Il devrait y avoir réciprocité pour ce type de choses".