L'Indonésie a exécuté vendredi quatre condamnés à mort pour trafic de drogue. Dix autres, qui devaient être fusillés, ont apparemment obtenu un sursis lors d'un processus confus de bout en bout et qualifié par un avocat de "chaos total".
Les exécutions au complexe pénitentiaire de Nusakambangan (sud), "l'Alcatraz indonésien", se sont déroulées dans la nuit, en dépit des vives protestations d'ONG de défense des droits de l'Homme, du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, et de l'Union européenne qui avaient appelé l'Indonésie à y renoncer.
Quatre détenus - trois Nigérians et un Indonésien - ont été abattus par arme à feu peu après minuit. L'un des prisonniers nigérians a été incinéré quelques heures plus tard, tandis que les corps des trois autres étaient préparés pour l'inhumation.
Mais des questions ont fusé quant au déroulement des opérations, dans la mesure où 10 autres condamnés qui devaient également passer devant le peloton d'exécution dans une clairière dans la jungle - incluant des ressortissants d'Inde, du Pakistan et du Zimbabwe - ont été épargnés à la dernière minute sans la moindre explication.
Exécutions ajournées
Le procureur général d'Indonésie, Muhammad Prasetyo, chargé des exécutions, a indiqué vendredi que ces condamnés avaient regagné leur cellule, suggérant que leur exécution n'était pas imminente. "Nous allons décider plus tard du sort des 10 condamnés (non exécutés). Nous verrons quand ce sera le bon moment", a-t-il déclaré.
"Mais une chose est sûre: nous n'allons jamais cesser les exécutions de détenus dans le couloir de la mort", a-t-il martelé.
Les avocats des condamnés, qui attendaient avec impatience des nouvelles du sort de leurs clients, ont été maintenus dans le flou complet, sans savoir pourquoi les exécutions prévues n'avaient pas eu lieu, a déploré l'avocat Ricky Gunawan. Son client nigérian, Humphrey Jefferson Ejike Eleweke, figurait parmi ceux qui ont été ligotés à un poteau et fusillés.
"Je voudrais dire que les exécutions ce matin étaient un chaos total", a déclaré M. Gunawan depuis Cilacap, ville face à la petite île en face de "l'Alcatraz indonésien", où avocats et familles étaient rassemblés dans la nuit.
"Aucune information claire ne nous a été donnée sur le déroulement des exécutions, sur la raison pour laquelle seulement quatre (ont été exécutés) et sur ce qui se passe pour les 10 autres", a-t-il déploré.
Peine de mort soutenue
Des membres de familles de condamnés étaient déjà sous le choc jeudi matin quand ils ont appris que l'exécution de leurs proches avait été avancée d'une journée par rapport à ce qui était prévu initialement.
Désemparés, des hommes et des femmes s'étaient précipités à Nusakambangan pour faire leurs adieux à leurs proches, dont certains ont finalement regagné leur cellule.
Le président indonésien Joko Widodo défend le recours à la peine de mort pour combattre le trafic de drogue, en soulignant que son pays mène une guerre contre les produits stupéfiants et que les trafiquants doivent être sévèrement sanctionnés.
Les exécutions de vendredi sont la troisième série depuis que Joko Widodo, surnommé Jokowi, est arrivé au pouvoir en octobre 2014.