La Cour suprême du Bangladesh a rejeté mardi l'ultime recours d'un dirigeant du principal parti islamiste contre sa condamnation à mort controversée pour crimes de guerre, ouvrant la voie à son exécution, possiblement dans les prochains jours.
Responsable financier du Jamaat-e-Islami, Mir Quasem Ali, magnat de l'immobilier et du transport maritime, avait été condamné en 2014 pour l'enlèvement et le meurtre d'un jeune combattant pendant la guerre d'indépendance de 1971 contre le Pakistan.
"Le président (de la Cour suprême) a refusé la révision. Je suis satisfait, la Nation est soulagée", a déclaré aux journalistes le procureur général Mahbubey Alam.
"Il peut maintenant demander la clémence présidentielle, ou sinon le verdict peut être exécuté quand l'Etat le voudra", a-t-il ajouté.
Plusieurs dirigeants de l'opposition, dont des islamistes, ont été exécutés pour crimes de guerre depuis 2013, en dépit des critiques internationales sur le Tribunal international des crimes du Bangladesh (ICT), la juridiction mise en place par le gouvernement pour juger ces faits.
Les procès organisés par ce tribunal ont divisé le pays et déclenché des violences meurtrières en 2013 au Bangladesh, les partisans du Jamaat et du principal parti d'opposition, le Bangladesh Nationalist Party (BNP), y voyant un moyen d'éliminer leurs leaders.
Les condamnés à mort ont tous été pendus quelques jours après le rejet de leur ultime recours par la Cour suprême. La plupart n'avaient pas demandé de grâce présidentielle, convaincus qu'on ne la leur accorderait pas.
Mir Quasem Ali, 63 ans, était le principal financier du Jamaat-e-Islami, selon Abdur Rob, professeur de sciences politiques de la North South University de Dacca. "Il a aussi dirigé les entreprises et organisations sociales du Jamaat et il avait un très bon carnet d'adresses dans le monde entier, en particulier au Moyen-Orient", avait dit l'universitaire.
Ali avait participé à la relance du Jamaat en créant des structures caritatives et des entreprises en lien avec le parti, après qu'il eut retrouvé une existence légale à la fin des années 70.
Le Jamaat avait été interdit en raison de l'implication de ses principaux dirigeants dans la milice propakistanaise al-Badr pendant la guerre d'indépendance.
Au moment de son arrestation en 2012 pour crimes de guerre, Ali dirigeait le groupe Diganta Media Corporation, propriétaire d'un quotidien pro-Jamaat et d'une télévision fermée en 2013 pour avoir attisé les tensions religieuses.