Un Néerlandais poursuivi pour des crimes de guerre commis en Ethiopie à la fin des années 1970 comparaîtra le 21 novembre devant le tribunal de La Haye, a annoncé samedi à l'AFP le porte-parole du ministère public.
Ce sexagénaire, un Ethiopien naturalisé Néerlandais identifié par les médias néerlandais comme Eshetu A., "se serait rendu coupable à la fin des années 1970, en tant que représentant du régime (militaro-marxiste du conseil militaire) Derg de l'époque, d'enfermement, de torture et de meurtre envers des adversaires (présumés) du régime de l'époque", selon un communiqué du ministère public néerlandais.
"Sur ordre du suspect, des dizaines de prisonniers auraient été tués en 1978, leurs corps ont ensuite été jetés dans une fosse commune", d'après le communiqué.
C'était l'époque dite de la "Terreur rouge" (1977-1978), une période sombre de l'Histoire éthiopienne durant laquelle le régime militaro-marxiste, mené par le colonel Mengistu Haïlé Mariam arrivé à sa tête après une lutte interne pour le pouvoir, s'est rendu coupable d'arrestations, d'actes de torture et de meurtres, faisant des milliers de victimes, selon le ministère public néerlandais.
Interpellé en septembre aux Pays-Bas, Eshetu A. avait précédemment été condamné à la peine de mort par contumace en Ethiopie pour le meurtre d'opposants présumés au régime avant d'encore recevoir une peine de prison à vie, précise le communiqué.
Dans le cadre de l'enquête pénale néerlandaise, qui s'est concentrée sur les crimes commis dans les camps de Debre Marcos et Metekel, au nord-ouest d'Addis Abeba, une série de témoins entendus par la police a fait état de "crimes commis dans la province de Gojjam par le représentant de l'époque de la dictature militaire", ajoute le ministère public.
Onze témoins éthiopiens seront interrogés dans les trois semaines à venir par un juge, un procureur et un avocat néerlandais aux Etats-Unis où ils résident, a expliqué Wim de Bruin, porte-parole du ministère public néerlandais.
Le procès devant le tribunal de La Haye devrait durer deux semaines, a-t-il ajouté.