Islamabad, 31 oct 2016 (AFP) - - La Cour suprême du Pakistan a suspendu lundi à la dernière minute l'exécution d'un meurtrier, dont la condamnation avait été initialement confirmée par la justice bien qu'il souffre de schizophrénie.
Son cas sera réexaminé en appel pendant la deuxième semaine de novembre, a indiqué l'ONG Justice Project Pakistan (JPP), qui assure la défense du prévenu, Imdad Ali.
Les avocats et défenseurs des droits de l'Homme font valoir que M. Ali, condamné pour meurtre et diagnostiqué comme schizophrène pendant son séjour en prison en 2012, ne peut être exécuté car il ne comprend ni son crime ni son châtiment.
Il devait être pendu le 2 novembre, en vertu d'une précédente décision de la Cour suprême, qui avait estimé que la schizophrénie était une "maladie curable", et non un trouble psychique permanent. En conséquence, l'état de M. Ali ne pouvait être invoqué pour retarder son exécution, selon cette décision.
Imdad Ali, 50 ans, avait été condamné à mort pour le meurtre d'un dignitaire religieux en 2002. Il a passé trois années à l'isolement dans l'hôpital de la prison, en raison de sa schizophrénie.
Dans un rapport médical établi en 2013, les autorités gouvernementales pakistanaises concluaient que Mr Ali était "fou". Des bilans datant de septembre et octobre le qualifient de psychotique. Selon un psychiatre c'est un "cas qui résiste aux médicaments".
La suspension intervient alors que l'Union européenne a menacé de remettre en question le statut commercial privilégié du Pakistan si ce dernier continuait à exécuter des condamnés à tour de bras.
Le Pakistan a rétabli la peine de mort après le pire attentat de son histoire, qui avait visé une école gérée par l'armée à Peshawar, où plus de 150 personnes avaient été tuées fin 2014.
Depuis, 418 condamnés ont été exécutés, ce qui propulse le Pakistan à la troisième place des pays ayant le plus recours à la peine de mort, derrière la Chine et l'Iran.
Selon un rapport de l'ONG britannique Reprieve, 94% des personnes exécutées avaient été condamnées pour des crimes de droit commun, non liés au terrorisme.
Des représentants de l'Union européenne sont attendus au Pakistan à partir de lundi pour évaluer si le pays respecte les engagements qu'il a pris, notamment en matière de droits de l'Homme, dans le cadre de l'accord exonérant de douanes 20% des exports pakistanais destinés à l'Europe.