La vice-présidente des Philippines, Leni Robredo, a annoncé dimanche qu'elle allait démissionner de son poste de ministre du logement, en raison des "fortes divergences" qui l'opposent au président Rodrigo Duterte.
Elle a pris cette décision après avoir reçu un SMS d'un autre ministre, Jun Evasco, lui demandant, au nom du chef de l'Etat, de "ne plus participer au conseil des ministres".
Leni Robredo refuse de quitter la vice-présidence et soupçonne l'existence d'un complot visant à la déloger de cette fonction-là.
Le président et le vice-président sont élus lors de scrutins distincts aux Philippines, et Leni Robredo n'était pas la "colistière" de Rodrigo Duterte lors des élections du 9 mai dernier.
"J'ai été avertie d'un complot visant à me ravir la vice-présidence. J'ai choisi de ne pas en tenir compte et de me concentrer sur mon travail", a-t-elle dit.
"Mais les événements de ces derniers jours laissent penser que ce complot est en cours de réalisation désormais", a-t-elle ajouté en estimant que son exclusion du conseil des ministres marquait l'apogée de ces manoeuvres.
Jun Evasco a confirmé dans une interview à la radio avoir envoyé le SMS en question, en invoquant des "divergences inconciliables" entre Robredo et Duterte.
Leni Robredo dit s'être heurtée au président Duterte sur ses choix politiques, notamment sa façon de livrer la guerre aux narco-trafiquants. Cette guerre a fait plus de 2.000 morts dans le pays au cours des cinq derniers mois. La vice-présidente dit en outre s'opposer aux efforts du président pour rétablir la peine capitale. Elle ne s'est pas privée de le critiquer ouvertement, y compris en pointant ses déclarations "inappropriées" sur son apparence à elle et sur sa vie privée.
Agée de 52 ans, Leni Robredo, ancienne avocate et militante des droits sociaux qui est issue des rangs de l'ex-président Benigno Aquino, a dit avoir accepté de faire partie du gouvernement car elle pensait que lutter contre la pauvreté était un objectif sur lequel elle pouvait s'entendre avec le chef de l'Etat.
"Dès le tout début, le président et moi-même avons eu de fortes divergences sur les principes et les valeurs", dit-elle.
(Martin Petty ; Eric Faye pour le service français)