(Agence France-Presse) Washington - Les avocats d'un condamné à mort ont annoncé avoir saisi la Cour suprême des Etats-Unis en avertissant que l'exécution du meurtrier prévue mercredi risquait de tourner pour lui au supplice, en raison des substances létales utilisées.
«La Virginie risque d'infliger une torture chimique mortelle à Ricky Gray», préviennent les défenseurs du prisonnier, qui avait été reconnu coupable d'un quadruple homicide commis au jour de l'An 2006.
Avec son neveu, Ricky Gray s'était introduit au domicile de la famille Harvey dans la ville de Richmond pour dévaliser la maison. En plus du cambriolage, les deux malfaiteurs avaient assassiné le couple et leurs deux fillettes âgées de 9 et 4 ans.
Les corps des victimes avaient été retrouvés ligotés, porteurs d'ecchymoses et de coups de couteau au sous-sol de la maison qui avait été de surcroît incendiée. Ce quadruple meurtre avait plongé dans l'effroi Richmond et sa région.
L'enquête avait permis d'impliquer Ricky Gray dans plusieurs autres crimes. Il avait notamment reconnu avoir battu à mort sa femme et s'être débarrassé de son corps.
Les défenseurs de Ricky Gray ont diffusé un enregistrement dans lequel on l'entend exprimer des remords. Ils font aussi valoir qu'à l'heure de ses crimes l'homme était sous l'effet de stupéfiants qu'il prenait pour atténuer le traumatisme résultant d'agressions sexuelles subies à l'enfance.
Comme les autres États américains, la Virginie fait face à une carence des substances utilisées pour les injections létales, en raison d'un refus d'approvisionnement de grandes firmes pharmaceutiques.
La situation a conduit certains États à se tourner en catimini vers des préparateurs en pharmacie non homologués par la FDA, l'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux. Ou encore vers des circuits clandestins à l'étranger, en violation de la loi fédérale.
La Virginie, située dans l'est du pays, a elle aussi choisi une stratégie controversée pour contourner l'écueil de la pénurie: garantir l'anonymat aux «pharmacies» prêtes à fournir des produits mortels.
Pour exécuter M. Gray, l'État a donc payé la somme astronomique de 66 000 dollars pour se procurer du chlorure de potassium et du midazolam.
Le premier produit est censé provoquer l'arrêt du coeur du condamné mais, selon ses avocats, pourrait au passage lui infliger une «vive souffrance». Le fait qu'il provienne d'un préparateur en pharmacie non identifié aggrave le risque, soutiennent-ils.
La deuxième substance, le midazolam, est encore plus critiquée car c'est un anxiolytique et non un anesthésiant.
En décembre dernier, un condamné à mort dans l'État de l'Alabama a suffoqué et fait des convulsions pendant 13 minutes lors de son exécution avec du midazolam.