WASHINGTON - L'Arkansas se préparait jeudi à exécuter un nouveau prisonnier, dernier d'une série de condamnés mis à mort de façon accélérée dans cet État du sud de l'Amérique, malgré une demande de grâce d'une famille de victime.
Si aucun sursis n'est octroyé in extremis par un juge, Kenneth Williams, reconnu coupable de meurtre, recevra dans la soirée une injection létale. L'homme de 38 ans a selon ses avocats un quotient intellectuel d'enfant.
L'Arkansas, qui n'avait exécuté personne de 2005 jusqu'à ce mois d'avril, aura alors exécuté quatre détenus en huit jours, dont deux en une même soirée lundi. L'État avait initialement prévu d'exécuter huit prisonniers en 11 jours.
Le gouverneur républicain de l'Arkansas, Asa Hutchinson, avait justifié cette précipitation par la péremption à la fin du mois d'une substance très controversée utilisée dans les injections létales.
Mais son programme d'exécutions accélérées a été la cible de multiples recours judiciaires et d'une mobilisation internationale des opposants à la peine de mort.
La bataille devant les tribunaux s'est pour l'heure soldée par la suspension de quatre des exécutions prévues.
Williams avait dans un premier temps été condamné à la réclusion perpétuelle pour avoir tué par balle en 1998 une étudiante et pom-pom girl de 19 ans, Dominique Hurd.
Il était parvenu à s'évader de son pénitencier un jour de 1999. Il avait alors abattu un quinquagénaire, Cecil Boren, dans sa ferme voisine de la prison.
Le fugitif avait volé le pick-up de sa victime, sa cavale le menant jusque dans le Missouri où il avait provoqué un accident de la route, tuant un jeune père de 24 ans, Michael Greenwood.
Les réactions de ces familles endeuillées ont été très différentes à l'approche de l'exécution de Kenneth Williams.
La fille et la veuve de Michael Greenwood, dans une lettre et un email distincts datés de ce jeudi, ont demandé au gouverneur Hutchinson d'épargner la vie du condamné.
«Son exécution ne me ramènera pas mon père et ne nous rendra pas ce qui nous a été pris. Cela ne fera qu'ajouter de la peine», a écrit Kayla Greenwood.
La famille Greenwood a financé et organisé le voyage jusque dans l'Arkansas de la fille et de la petite-fille du condamné, afin qu'elles puissent le rencontrer une dernière fois.
«En tant que famille dotée d'une foi très solide, nous ne pensons pas que c'est à nous de décider de prendre une vie», a de son côté assuré Stacey Yaw, la veuve de Michael Greenwood et mère de Kayla.
En revanche la famille Boren a fait savoir qu'elle serait soulagée par l'exécution de Williams.
«Nous avons attendu très, très longtemps ce moment», a déclaré la veuve, Genie Boren, citée par la chaîne Fox 16. «Les gens doivent être punis pour leurs actes», a-t-elle ajouté.