Berlin - La chancelière allemande Angela Merkel a "catégoriquement" rejeté la tenue sur le sol allemand d'une éventuelle campagne référendaire pour le rétablissement de la peine de mort en Turquie.
"La peine de mort est un sujet que nous refusons catégoriquement, pourquoi y aurait-il une autorisation (de faire campagne) alors qu'on n'y est pas obligé. On ne le fera pas", a déclaré la chancelière allemande dans un entretien à la radio régionale WDR diffusé mardi.
Le gouvernement allemand avait déjà indiqué vendredi que si la Turquie organisait un référendum sur le rétablissement de la peine capitale, l'Allemagne ne laisserait pas le scrutin se tenir sur son sol où vivent 1,4 million d'électeurs turcs.
"Politiquement, il n'est pas concevable que nous autorisions une telle consultation au sujet d'une mesure en opposition claire avec notre Constitution et avec les valeurs européennes", avait dit le porte-parole du gouvernement Steffen Seibert.
La campagne électorale en Allemagne en faveur du référendum d'avril dernier sur le renforcement des pouvoirs du président turc Recep Tayyip Erdogan avait déjà empoisonné les relations entre la Turquie et l'Allemagne.
Le chef de l'Etat turc a même accusé le gouvernement allemand de pratiques nazies après que des ministres ont été empêchés de faire campagne sur le territoire allemand.
Après la courte victoire du oui au référendum sur le renforcement des pouvoirs de M. Erdogan, ce dernier s'est dit prêt à organiser une nouvelle consultation, cette fois-ci sur le rétablissement de la peine de mort.
Une telle mesure serait "synonyme de la fin du rêve d'Europe" pour la Turquie, avait mis en garde le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel.
Recep Tayyip Erdogan est accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire, notamment depuis le putsch avorté de juillet, suivi de l'arrestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux journalistes et des membres des forces de sécurité turque. Cette campagne a été vivement critiquée par Berlin.
Des centaines de diplomates turcs, militaires, fonctionnaires ou membres de leurs familles ont d'ailleurs déposé des demandes d'asile en Allemagne à la suite de ces purges, suscitant la colère d'Ankara.
Selon les autorités allemandes, certains d'entre eux ont obtenu l'asile. Berlin a cependant refusé de préciser leur nombre et leurs fonctions passées.
La presse allemande avait affirmé lundi que ces personnes étaient des militaires turcs, notamment de l'OTAN, écartés de l'armée après le coup d'Etat.