(Agence France-Presse) Miami - La Floride a mené jeudi sa première exécution depuis 18 mois, en remplaçant le sédatif très controversé midazolam par un médicament encore jamais utilisé dans un cocktail létal aux États-Unis.
Accusé d'un double meurtre, Mark James Asay, 53 ans, a été exécuté à 18h22 dans la prison d'État de Floride.
Il a pris son dernier repas à 9h30 du matin, et a demandé «des côtelettes de porc, du jambon frit, des frites, une glace à la vanille et une canette de Coca-Cola», a détaillé l'administration pénitentiaire de Floride, en précisant que Mark James Asay n'avait pas de «dernières paroles».
Il était condamné pour les meurtres de Robert Lee Booker et Robert McDowell, commis en 1987 dans cet État du sud-est des États-Unis.
«Le département des administrations pénitentiaires de Floride respecte la loi et applique la condamnation du tribunal», avait déclaré avant l'exécution une porte-parole, Ashley Cook, soulignant que cette institution avait pour objectif de s'assurer que «la procédure d'injection létale soit humaine et digne».
Accusé de ne pas suffisamment plonger le condamné dans l'inconscience, et donc de provoquer des souffrances inutiles, le midazolam a suscité une forte polémique aux États-Unis et a déclenché plusieurs blocages juridiques.
Pour l'exécution de Mark James Asay, les autorités pénitentiaires ont donc décidé de remplacer le midazolam par de l'étomidate, un agent anesthésiant encore jamais utilisé parmi les trois produits constituant l'injection létale.
Mais il est parfois difficile d'administrer ce sédatif, commercialisé sous le nom Amidate, qui peut provoquer de sévères irritations et brûlures, met en garde Jonathan Groner, chirurgien, professeur à l'université d'État de l'Ohio et opposant à la peine capitale.
L'étomidate «est un médicament très spécifique et très dangereux quand on l'administre par intraveineuse, car il peut provoquer des blessures très sérieuses si ce n'est pas fait correctement», a déclaré Jonathan Groner.
«Cela peut être extrêmement douloureux», a-t-il souligné, particulièrement quand l'étomidate «est injecté dans des veines abîmées, or beaucoup de détenus dans le couloir de la mort ont les veines abîmées à cause de leur âge ou parce qu'ils ont un passé de toxicomanie».
Le laboratoire Janssen (groupe Johnson & Johnson), qui a crée l'étomidate il y a plusieurs décennies, a protesté contre ce nouvel usage.
«Nous n'approuvons pas l'usage de nos médicaments dans des injections létales servant à la peine capitale», a réagi mardi un porte-parole, Greg Panico, dans un entretien au Washington Post. «Janssen découvre et développe des innovations médicales pour sauver et améliorer des vies», a-t-il souligné.
Homicide aux relents racistes
Mark James Asay est le premier Blanc à être mis à mort pour avoir tué un Noir en Floride, sur un total de 92 exécutions en 41 ans, depuis que cet État a rétabli la peine capitale en 1976, selon le centre d'information sur la peine de mort.
Mark James Asay avait lancé des insultes racistes juste avant d'abattre Robert Lee Booker, un Noir américain, selon les procureurs. Il avait tué son autre victime, Robert McDowell, alors que ce dernier était apparemment habillé en femme et que M. Asay venait de le payer en échange de relations sexuelles.
La dernière exécution en Floride remontait jusqu'ici à celle d'Oscar Ray Bolin, le 7 janvier 2016. Cinq jours plus tard, la Cour suprême américaine jugeait inconstitutionnel le système de condamnation capitale dans cet État, car donnant trop de pouvoir au juge au détriment des jurés.
La Floride était alors l'un des seuls États américains à ne pas exiger l'unanimité des jurés pour condamner à mort un accusé. En mars dernier, son gouverneur, Rick Scott, a finalement signé une loi exigeant l'unanimité du jury.