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Iran: le dissident Aghajari n'est plus passible de la peine de mort

dépêche de presse du 28 juin 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Iran
TEHERAN - Le dissident iranien Hachem Aghajari n'encourt plus la peine de mort, la justice ayant formellement abandonné lundi contre lui l'accusation d'apostasie.

"Les accusations d'insulte au prophète et de négation des principes religieux, toutes deux considérées comme constitutives d'apostasie et passibles de la peine de mort, ont été levées", a annoncé son avocat Saleh Nikhbakht à l'AFP.

Hachem Aghajari doit à présent répondre "d'insulte aux principes sacrés", punie d'une à cinq années d'emprisonnement, a-t-il ajouté, se déclarant confiant à présent que son client "ne sera pas condamné à mort".

L'intellectuel et universitaire Hachem Aghajari a été condamné en 2002 à la peine capitale pour apostasie par un juge de Hamédan (ouest), malgré sa stature de combattant de la première heure de la Révolution islamique et de vétéran de la guerre Iran-Irak (1980-1988).

Cette sentence a soulevé une protestation nationale et internationale considérable, poussant le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, à ordonner la révision du verdict.

Celui-ci a été cassé une première fois par la Cour suprême, puis une seconde après que le même juge de Hamédan, devant lequel le dossier avait été renvoyé, eut confirmé son jugement.

Selon le juge qui l'a condamné à la mort, Hachem Aghajari a remis en cause les fondements de la religion et de la République islamique, à commencer par la prééminence d'un Guide spirituel sur le politique, en plaidant en public pour une sorte de protestantisme de l'islam et en affirmant que les musulmans n'étaient pas des "singes" pour "suivre aveuglément un chef religieux".

La Cour suprême a dessaisi le magistrat et confié l'affaire à un tribunal de Téhéran devant lequel Hachem Aghajari a été convoqué lundi pour s'entendre notifier les nouvelles charges.

Selon son défenseur, le tribunal a ordonné le maintien en détention du prisonnier en invoquant "certains problèmes, tels que des menaces pour sa vie".

"Psychologiquement, il va très bien, même s'il s'est un peu fâché quand le tribunal a décidé de le maintenir en détention", a dit Me Nikhbakht.

"Il a perdu un peu de poids par rapport à sa première année en prison", a-t-il relevé.

Le procès doit s'ouvrir le 3 juillet.

Cependant, selon l'agence estudiantine Isna, le juge en charge du dossier Mohammad Eslami a déclaré que, "dans une semaine, on connaîtra le résultat de l'affaire".

Hachem Aghajari, qui a défié la justice à plusieurs reprises, est resté aussi intraitable, selon Isna: "Je suis un musulman chiite et je n'accepte aucune des nouvelles accusations", a-t-il lancé au magistrat.

Hachem Aghajari est emprisonné depuis le 8 août 2002. Il est actuellement enfermé à Téhéran.

La décision de la justice ne faisait plus guère de doute. L'ayatollah Khamenei estime lui-même que Hachem Aghajari ne s'est pas rendu coupable d'apostasie et ne mérite pas la mort, a expliqué récemment le chef adjoint de l'autorité judiciaire, Abdolreza Izadpanah.

Le chef de la Cour suprême, Mohammad Mohammadi Guilani, a dit samedi qu'à ses yeux Hachem Aghajari n'était pas un apostat.

L'ultra-conservatrice justice, qui a fait enfermer de centaines de dissidents, opposants, journalistes, étudiants etc. et qui s'était crispée dans les premiers mois de l'affaire, s'est employée à apaiser les esprits après la confirmation de la condamnation à mort par le juge de Hamédan. Elle a rapidement souligné que cette peine n'était pas définitive.
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