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Iran: Nouveau procès du dissident Aghajari qui échappe à la peine capitale

dépêche de presse du 3 juillet 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Iran
TEHERAN - Un nouveau procès public du dissident iranien Hachem Aghajari s'est ouvert samedi à Téhéran, après que la justice eut abandonné l'accusation d'apostasie, lui évitant ainsi la condamnation à mort.

Amaigri et affaibli par près de deux années de prison, dont dix mois d'isolement, Hachem Aghajari est apparu pour la première fois en public, se plaignant des conditions de sa détention et du sort que la justice lui a réservé.

Le représentant du procureur général, Reza Jafari, a lu l'acte d'accusation, long de 21 pages, se référant non seulement au discours de M. Aghajari à Hamédan (ouest) qui lui avait valu la peine de mort, mais aussi à ses écrits et discours au cours des six dernières années.

Hachem Aghajari est "accusé d'insulte aux principes religieux sacrés et à l'islam", "de propagande contre le régime islamique" et de "diffusion de fausses nouvelles afin de perturber l'esprit public", a-t-il affirmé.

L'accusation d'apostasie a été abandonnée, mais M. Jafari a demandé une "peine alourdie" car selon lui Hachem Aghajari avait répété à de nombreuses reprises ses "délits".

Il a notamment accusé M. Aghajari d'avoir repris à son compte une phrase du philosophe allemand Karl Marx, fondateur du marxisme, qui avait affirmé que "la religion est l'opium du peuple".

Le représentant du procureur a également reproché à M. Aghajari d'avoir déclaré que "dans les systèmes politiques religieux, on réprimait les gens au nom de Dieu" ou encore d'avoir affirmé qu'un "pouvoir qui réprime la science et la raison au nom de la religion n'est pas un pouvoir religieux et encore moins un pouvoir islamique".

M. Aghajari est passible d'une peine de cinq à dix ans de prison.

Il a été condamné en 2002 à la peine capitale pour apostasie par un juge de Hamédan, malgré sa stature de combattant de la première heure de la Révolution islamique et de vétéran de la guerre Iran-Irak (1980-1988).

Cette sentence a soulevé une protestation nationale et internationale considérable, poussant le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, à ordonner la révision du verdict.

Celui-ci a été cassé une première fois par la Cour suprême, puis une seconde après que le même juge de Hamédan, devant lequel le dossier avait été renvoyé, eut confirmé son jugement.

Selon le juge de Hamédan qui l'avait condamné à la mort, Hachem Aghajari a remis en cause les fondements de la religion et de la République islamique, en plaidant en public pour une sorte de protestantisme de l'islam et en affirmant que les musulmans n'étaient pas des "singes" pour "suivre aveuglément un chef religieux".

Plusieurs responsables de la justice ont déclaré ces dernières semaines que selon l'avis du Guide suprême, M. Aghajari n'était pas passible de la peine de mort.

"J'ai beaucoup de choses à dire sur ce que j'ai subi ces deux dernières années. Comment peut-on emprisonner un professeur d'université et le maintenir plus de 10 mois en isolement?", a demandé au tribunal M. Aghajari, qui a réclamé un délai pour pouvoir étudier les nouvelles accusations retenues contre lui.

Cette demande a été rejetée par le juge, Mohammad Eslami, qui a fixé à lundi la prochaine audience, durant laquelle M. Aghajari doit présenter sa dernière défense.

Parlant brièvement à la presse à l'issue de l'audience, il a refusé de dire s'il était optimiste sur l'issue du procès. "Nous devons attendre le résultat", s'est-il contenté de dire.

"J'espère qu'avec la suppression de l'accusation d'apostasie, le juge prononcera sa libération. Mais les nouvelles charges retenues contre lui sont très lourdes", a lancé sa femme, Zahra Behnoudi, qui a pu assister à l'audience et parler brièvement à son mari.

"Il faut que le juge résiste aux pressions politiques", a ajoutée Mme Behnoudi.
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