WASHINGTON — Le président américain Donald Trump s'est inspiré de dirigeants autocrates de certains pays du monde, lundi, en suggérant d'imposer la peine de mort aux trafiquants de drogues qui aggravent l'épidémie d'opioïdes au pays.
Ce fléau s'est propagé dans les communautés rurales et ouvrières qui avaient largement appuyé Donald Trump lors de l'élection présidentielle. Et selon le président, pour freiner la crise, il faut donner de plus lourdes peines aux contrevenants.
Devant une foule réunie au New Hampshire, l'un des États les plus touchés par l'épidémie, M. Trump a déclaré que les trafiquants craignaient d'abord et avant tout la «robustesse».
M. Trump a aussi souligné l'importance de l'éducation et de la sensibilisation sur la toxicomanie et a plaidé pour élargir l'accès à des traitements efficaces.
Mais l'épine dorsale de son projet est de raffermir les sanctions contre ceux qui sont pris en train de faire du trafic de drogues qui créent une forte dépendance.
Le président a précisé que l'objectif de ce plan n'était pas d'être «gentil», mais bien de «contrer un problème très, très difficile» et selon lui, pour ce faire, le gouvernement doit durcir le ton contre les revendeurs.
M. Trump a formellement annoncé une avenue qu'il envisageait depuis longtemps: si une personne peut se voir infliger la peine capitale ou la prison à vie pour avoir tiré sur quelqu'un, alors la punition devrait être la même pour le vendeur d'un produit qui tue des milliers de personnes, selon le président.
Donald Trump appuie ouvertement des pays comme Singapour, qui sanctionnent durement les trafiquants. Lors d'un voyage en Asie, il n'avait pas réprimandé publiquement le président des Philippines, Rodrigo Duterte, qui autorise les exécutions sommaires de trafiquants de drogues.
«Les trafiquants de drogue tuent plusieurs milliers de nos citoyens chaque année, a déclaré le président. C'est pourquoi mon département de la Justice réclamera des peines beaucoup plus sévères comme nous n'en avons jamais eu avant.»
«Les autres pays ne jouent pas de jeu… Mais la peine ultime doit être la peine capitale».
En ce moment, la peine capitale peut être réclamée dans quelques rares cas, par exemple dans l'éventualité où l'on aurait affaire à un baron de la drogue.
Difficile de savoir pour l'instant si l'imposition de la peine de mort serait constitutionnelle, même dans les cas où le trafiquant aurait causé la mort de plusieurs personnes avec ses produits. Doug Berman, professeur de droit de l'Université de l'État de l'Ohio, prédit que cette affaire se rendra jusqu'en en Cour suprême.
Le plan du président a suscité les critiques de plusieurs démocrates, dont le sénateur de l'Illinois, Dick Durbin. «Nous ne pouvons pas nous sortir de la crise des opioïdes en arrêtant (des gens) (…) La guerre contre la drogue n'a pas fonctionné dans les années 1980», a-t-il soutenu.
(Jonathan Lemire et Darlene Superville)