Une avocate iranienne qui dit avoir participé à la défense d'un homme exécuté lundi pour le meurtre de trois policiers a été arrêtée après avoir affirmé publiquement son innocence, rapporte mercredi l'agence iranienne Fars.
Me Zeinab Taheri a été arrêtée conformément à un mandat d'arrêt délivré contre elle à Téhéran pour "fausse déclaration" et à cause de "ses mensonges propagés en ligne, affirmant [que ce supplicié n'était] pas coupable", écrit Fars, agence proche des conservateurs.
L'agence ne précise pas la date de l'arrestation. Elle cite le procureur général de la province de Téhéran, Gholamhossein Esmaïli, selon qui "l'avocate qui a prétendu ces jours-ci être chargée de la défense de l'accusé et qui s'époumone à dire que celui-ci est innocent n'était tout simplement pas son avocat".
Le condamné en question, Mohammad Salas, a été pendu lundi après avoir été reconnu coupable du meurtre de trois policiers renversés par un autobus lors de heurts entre forces de l'ordre et membres ou sympathisants d'une confrérie soufie à Téhéran en février.
Voie mystique dans l'islam dont les adeptes en Iran se plaignent régulièrement d'être harcelés par le pouvoir, le soufisme est toléré par la République islamique, mais perçu comme une "déviance" par nombre de membres conservateurs du clergé chiite. Le nom de Me Taheri apparaît dans un communiqué de l'organisation de défense des droits de l'Homme américaine Human Rights Watch publié lundi et la présentant comme étant l'avocat de Salas.
Le communiqué, qui parle de "graves allégations de torture en vue d'extorquer des aveux" fait référence à un entretien accordé par Me Taheri à une autre ONG basée à l'étranger dans laquelle l'avocate affirme que Salas a été très violemment battu en prison, au point d'en perdre presque la vue.
Me Taheri est l'avocate d'un universitaire iranien, Ahmadreza Djalili, condamné à mort pour espionnage au profit d'Israël à l'issue d'un procès qu'Amnesty International avait qualifié de "procédure secrète et précipitée n'ayant autorisé aucun exposé des arguments de la défense".
Le jour de l'exécution de Salas, un compte Twitter au nom de Zeinab Taheri annonçait la volonté de "dévoiler pour l'opinion publique toutes les preuves" possibles de son innocence. Le même compte Twitter a publié un nouveau message clamant "l'innocence" de Salas, mercredi, après l'annonce de l'arrestation de l'avocate.