La puissante armée pakistanaise a prévenu vendredi les extrémistes protestant contre l'acquittement de la chrétienne Asia Bibi que sa "patience" avait des limites, alors qu'ils bloquent plusieurs villes pour la troisième journée consécutive.
La tolérance de l'armée a atteint "un seuil limite", a déclaré vendredi son porte-parole Asif Ghafoor alors qu'un des chefs de file des manifestants a appelé mercredi au meurtre de juges de la Cour suprême et à la mutinerie dans l'armée en réaction au verdict en faveur d'Asia Bibi.
"Il s'agit d'une affaire judiciaire et l'armée n'a rien à voir avec cela. (...) Ne nous entraînez pas dans ce genre d'affaires", a-t-il dit, appelant à un règlement "amical" du conflit.
"Nous tolérons des remarques contre nous, mais des actions peuvent être prises conformément à la loi et à la Constitution", a-t-il noté. "Ne nous forcez pas à entrer en action", a-t-il ajouté.
Plusieurs milliers de manifestants sont attendus vendredi après-midi dans les rues pour une troisième journée consécutive de protestations, bloquant les grands axes et contraignant de nombreux commerces et écoles à fermer. Le réseau mobile était coupé vendredi dans les grandes villes et la circulation très perturbée dans le pays.
Les milieux religieux protestent contre le jugement rendu mercredi par la Cour suprême, qui a prononcé l'acquittement de la chrétienne Asia Bibi, condamnée à mort en 2010 pour blasphème, un sujet très sensible au Pakistan.
La plupart des rassemblements sont menés par le parti radical Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP), connu pour sa ligne particulièrement dure en matière de blasphème. D'autres partis religieux ont également annoncé des rassemblements séparés.
Le TLP avait déjà bloqué l'accès à Islamabad pendant plusieurs semaines en novembre 2017 pour des motifs également liés à la question du blasphème et obtenu la démission du ministre de la Justice.
Ces manifestations interviennent alors que le Premier ministre Imran Khan vient d'entamer un voyage de 4 jours en Chine, où il devrait négocier l'octroi d'une aide financière de plusieurs milliards pour le Pakistan.
M. Khan avait vivement critiqué mercredi les extrémistes, les prévenant que l'Etat ne "tolèrerait pas le sabotage" et "prendrait ses responsabilités" si nécessaire. Des négociations ont depuis eu lieu, sans résultats dans l'immédiat.