Sofia, 1 déc 2018 (AFP) - La Chine a obtenu de la Bulgarie l'extradition d'un ancien haut fonctionnaire accusé de corruption, une première pour un pays de l'Union européenne, a annoncé samedi l'agence chinoise anti-corruption.
Yao Jinqi, âgé de 62 ans, ancien responsable dans la province du Zhejiang (est) est revenu vendredi en Chine, où il ne risquera pas la peine de mort, ont précisé les autorités bulgares.
"Les agences chargées de l'application de la loi en Chine et en Bulgarie ont travaillé étroitement ensemble et Yao Jinqi, un suspect qui s'était enfui en Bulgarie, a été extradé", a annoncé dans un communiqué la Commission nationale de supervision.
"C'est la première fois que nous avons réussi à faire extrader depuis un pays membre de l'UE un fonctionnaire soupçonné de crimes liés à son travail", ajoute l'organisme créé en mars.
"Il est clairement stipulé que, pour les crimes énumérés dans la demande d'extradition, la peine de mort n'est pas applicable", a indiqué le tribunal municipal de Sofia dans la décision obtenue par l'AFP, contredisant une affirmation d'Yanko Alexiev, l'avocat bulgare de Yao selon laquelle son client pourrait être condamné à la peine capitale.
"Conformément à la législation en vigueur en Chine, il peut être condamné à une peine de prison de trois à dix ans d'emprisonnement ou à une amende, ou à la confiscation de ses biens sans que la peine de mort soit appliquée" a déclaré le tribunal, qui a précisé qu'il n'y avait pas non plus de raison de penser qu'il pourrait faire face à "des actes de violence, de torture ou des châtiments douloureux, inhumains et humiliants".
M. Yao avait lui-même demandé son extradition lors d'une audience judiciaire lundi à Sofia, a expliqué son avocat à la télévision publique bulgare BNT.
Le tribunal aurait pu rejeter la demande chinoise en raison du risque de peine capitale, a-t-il précisé, ajoutant: "toutefois, étant donné la fermeté exprimée par mon client à propos d'une extradition immédiate vers la Chine, je ne vois pas comment le tribunal bulgare aurait pu refuser".
Selon l'agence officielle chinoise Xinhua, M. Yao a fui le pays en 2005 après avoir été accusé de corruption et vécu en Amérique centrale et du sud ainsi qu'aux Philippines avant de s'installer en Bulgarie où il a été arrêté le mois dernier après avoir fait l'objet d'une notice rouge d'Interpol.
"Il n'y a pas vraiment de liberté quand on s'enfuit à l'étranger, finalement j'ai besoin de revenir m'expliquer et accepter les conséquences", a déclaré M. Yao à Xinhua.
Dans le cadre de la campagne contre la corruption lancée par le président chinois Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, Pékin s'emploie à obtenir le retour de suspects partis à l'étranger mais se heurte aux réticences des gouvernements occidentaux, dont les États-Unis et le Canada. La campagne, également soupçonnée de servir à éliminer des opposants internes à la ligne de M. Xi, a sanctionné plus de 1,5 million de cadres.
Il s'agit de la première extradition depuis la création de la Commission qui travaille aux côtés de la Commission centrale d'inspection disciplinaire du parti communiste au pouvoir.
Début octobre, après la rocambolesque "disparition" de Meng Hongwei, l'ancien président d'Interpol dont le siège est en France, Pékin avait annoncé que le responsable, également vice-ministre chinois de la Sécurité publique, faisait l'objet d'une enquête pour corruption à son retour dans son pays.