(Agence France-Presse) Pékin - Le recours à la peine de mort en Chine est « en baisse », mais ses perspectives d'abolition sont encore lointaines du fait de l'attachement de la population à la peine capitale, selon une juge de la Cour suprême.
D'après des organisations de défense des droits de l'Homme, le géant asiatique procède chaque année à plus d'exécutions qu'aucun autre pays. Mais leur nombre est un secret d'État.
« Les conditions ne sont aujourd'hui pas réunies pour l'abolition de la peine de mort en Chine », a déclaré jeudi Mme Li Xiao, juge de la Cour populaire suprême chinoise, lors d'une ouverture inédite de l'institution judiciaire à la presse étrangère.
« Notre histoire, notre culture, tout comme nos besoins actuels en matière de sécurité nous obligent à la maintenir. Mais nous faisons preuve de prudence et de retenue dans son application », a-t-elle assuré.
Depuis de nouvelles dispositions en 2010, la Chine a renforcé les exigences de preuves à apporter avant une condamnation à mort.
« Le nombre de condamnations à la peine capitale est en baisse depuis lors », a assuré Mme Li.
La Cour populaire suprême est la plus haute juridiction du pays. Elle a récupéré en 2007 le pouvoir de ratifier ou refuser les condamnations à mort. Un droit autrefois confié aux tribunaux locaux.
« Dans chaque pays, il existe des partisans du maintien ou de la suppression de la peine de mort. Il en va de même en Chine », a souligné Li Xiao, tout en estimant que la majorité de la population était favorable au statu quo.
« Depuis des milliers d'années, le concept selon lequel un meurtrier doit payer de sa vie pour un crime est profondément ancré dans l'esprit des gens en Chine », a noté Mme Li.
« C'est l'une des raisons pour lesquelles on ne peut abolir la peine de mort aujourd'hui et qu'il n'est pas facile non plus de publier le chiffre. Si on le publiait, des gens le trouveraient encore trop faible », a-t-elle justifié.
La Chine a réduit en 2015 de 55 à 46 le nombre de crimes passibles de la peine de mort. Ceux-ci comprennent toujours le séparatisme, l'homicide volontaire, le viol et le trafic de drogue, mais excluent le proxénétisme ou la contrebande d'armes.
Les exécutions étaient réalisées principalement par arme à feu, mais sont progressivement remplacées par des injections létales, jugées moins inhumaines et moins dégradantes pour l'intégrité physique du condamné.