L'Iran a convoqué dimanche l'ambassadeur d'Allemagne pour protester contre la position de l'Union européenne condamnant fermement l'exécution de l'opposant iranien Rouhollah Zam, selon les médias d'Etat.
Le directeur pour l'Europe au ministère des Affaires étrangères à Téhéran a dénoncé devant l'ambassadeur Hans-Udo Muzel, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, le communiqué européen comme "une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures iraniennes", a indiqué l'agence de presse Irna. Il a également dénoncé ce qu'il a qualifié "d'indulgence" montrée par "certains pays européens" "à l'égard d'éléments propageant de la violence et perpétrant des actes terroristes" contre l'Iran, selon la même source.
Le représentant de la France devait être lui aussi convoqué plus tard dans la journée au sujet de cette même affaire, d'après l'agence iranienne.
L'UE a condamné samedi "dans les termes les plus forts" l'exécution de Rouhollah Zam, rappelant son opposition à la peine de mort et jugeant "impératif que les autorités iraniennes respectent les droits des accusés et cessent d'avoir recours à des aveux télévisés pour établir et démontrer leur culpabilité". La France a elle dénoncé un "acte barbare et inacceptable".
Rouhollah Zam, qui disposait du statut de réfugié en France, a été exécuté par pendaison samedi en Iran, après la confirmation de sa condamnation à mort pour son rôle dans la vague de contestation ayant touché des dizaines de villes iraniennes entre le 28 décembre 2017 et le 3 janvier 2018. L'arrestation par les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique d'Iran, de l'opposant quadragénaire avait été annoncée en octobre 2019, mais l'Iran n'avait alors précisé ni le lieu ni la date des faits, accusant Rouhollah Zam d'être "dirigé par le renseignement français et soutenu" par les services secrets des Etats-Unis et d'Israël.
Rouhollah Zam, qualifié de "journaliste et dissident" par Amnesty International, a été reconnu coupable d'avoir joué un rôle actif dans la contestation au cours de laquelle au moins 25 personnes ont été tuées. Téhéran avait qualifié de "sédition" ce mouvement de protestation contre la vie chère ayant rapidement pris un tour politique.