Quatre États du Moyen-Orient, Iran en tête, ont fait un usage "impitoyable et effrayant" de la peine de mort en 2020 malgré la pandémie de Covid-19, dominant ainsi le bilan mondial des exécutions, selon un rapport d'Amnesty International publié mercredi.
Le groupe de défense des droits humains, basé à Londres, indique avoir enregistré 483 exécutions dans 18 pays en 2020, soit une baisse de 26% par rapport aux 657 enregistrées en 2019 et le nombre le plus bas enregistré au cours de la dernière décennie. Les chiffres d'Amnesty n'incluent pas la Chine qui, selon l'ONG, reste le "premier bourreau du monde", avec des milliers de morts chaque année, mais dont les statistiques sont classées "secret d'État".
"L'année 2020 a été marquée par une nouvelle baisse mondiale du recours à la peine de mort et, si la pandémie de Covid-19 a contribué à la réduction du nombre d'exécutions et de condamnations à mort prononcées, elle a également exacerbé la cruauté inhérente à cette peine", pointe le rapport d'Amnesty.
Sans compter la Chine, 88% des exécutions enregistrées ont eu lieu dans seulement quatre pays : Iran, Égypte, Irak et Arabie saoudite, selon la même source. "Tout au long de 2020, les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord ont fait preuve d'une persistance impitoyable et effrayante dans la mise en œuvre de plans visant à mettre des gens à mort, même pendant une année où la majeure partie du monde se concentrait sur la protection de la vie des gens contre un virus mortel", a estimé Heba Morayef, directrice régionale pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International.
Le nombre d'exécutions enregistrées au Moyen-Orient a chuté de 25%, en raison d'une baisse de 85% des exécutions en Arabie saoudite et d'une réduction des exécutions de plus de moitié en Irak.
Cependant, le rapport note "un pic significatif" d'exécutions enregistrées en Égypte, multipliées par plus de trois, passant de 32 en 2019 à 107 en 2020.
L'Iran a procédé à au moins 246 exécutions, conservant sa place de premier pays en nombre de peines capitales dans la région, et le deuxième au monde après la Chine. Pour Amnesty, en Iran "la peine de mort est de plus en plus utilisée comme une arme de répression politique contre les dissidents, les manifestants et les membres de groupes ethniques minoritaires". Certaines des personnes exécutées au cours de l'année étaient des membres des minorités kurde et baloutche d'Iran, précise l'ONG. Par ailleurs, l'Iran a continué à appliquer la peine de mort contre des personnes âgées de moins de 18 ans au moment du crime, au mépris du droit international, dénonce-t-elle, en faisant état de trois cas.