Le nouveau ministre japonais de la Justice a retiré lundi une affirmation selon laquelle il allait suspendre la peine de mort, une démarche qui laisserait les Etats-Unis seuls parmi les grands pays industrialisés à appliquer encore cette sentence.
Dans un premier temps, le ministre, Seiken Sugiura, nommé lundi à la suite d'un remaniement ministériel consécutif à la réélection du Premier ministre libéral Junichiro Koizumi, avait indiqué que, par conviction personnelle, il ne signerait aucun ordre d'exécution, avait affirmé l'agence de presse Kyodo.
Dans un communiqué publié à la suite de ces affirmations, M. Sugiura a retiré ses déclarations en indiquant qu'elles avaient été faites hors du cadre de ses fonctions de ministre de la Justice, selon Kyodo.
Le Japon, qui exécute par pendaison, est vivement critiqué sur la scène internationale. Il lui est notamment reproché, pour éviter les appels de dernière minute, de ne prévenir les condamnés et leurs familles que quelques heures avant l'exécution.
Le Japon a déjà suspendu la peine de mort, de novembre 1989 à mars 1993. Au cours de cette période, les ministres de la Justice qui s'étaient succédé avaient tous refusé de laisser procéder aux exécutions.
Au cours de l'année dernière, le Japon n'a exécuté qu'une personne. Selon la presse, il s'agissait d'un homme reconnu coupable d'avoir tué deux femmes aux cours d'agressions.
Amnesty International, qui s'oppose à la peine de mort, accuse le gouvernement japonais d'essayer d'échapper aux critiques en procédant aux exécutions à la sauvette, quand le parlement n'est pas en session.
La peine de mort bénéficie cependant d'un fort soutien dans la population: selon un sondage réalisé en février à la demande du gouvernement, 81% des habitants de l'archipel y seraient favorables.
Le condamné en attente d'exécution le plus célèbre est Shoko Asahara, le gourou fondateur de la secte Aum (Vérité Suprême), condamné à mort pour l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995. Cet acte avait fait 12 morts et 5.500 blessés.
Ancien diplomate, Seiken Sugiura, a été émissaire en Inde et au Pakistan, chargé de faire progresser le processus de paix. Avant le remaniement ministériel, il était porte-parole du gouvernement.