GUATEMALA (AFP) - Le pape Jean Paul II, arrivé lundi au Guatemala en provenance de Toronto (Canada), célèbre mardi une messe en plein air devant plus de 500.000 fidèles dans la capitale pour canoniser le frère franciscain Pedro de San José de Betancourt qui a réalisé plusieurs guérisons miracles dans ce pays au 17e siècle.
Plus de 150.000 personnes sont venues des pays voisins d'Amérique centrale, et même d'Espagne d'où était originaire le frère Pedro, pour saluer le pape sans doute pour la dernière fois dans cette région, avant son départ dans l'après-midi pour le Mexique, dernière étape de son voyage.
Cette messe sera l'occasion pour le souverain pontife d'appeler les guatémaltèques au dialogue et à la réconciliation après une guerre civile de 36 ans qui a pris fin en décembre 1996 (200.000 morts et disparus). Elle permettra également au pape de remobiliser les catholiques dans un pays où quelques 10.000 sectes évangélistes, témoins de Jéhovah, Baptistes et autres Mormons ont dispersé les fidèles principalement dans les communautés indiennes qui représentent 60% des 12 millions d'habitants que compte le pays.
Pour ce troisième voyage au Guatemala depuis le début de son pontificat après ceux effectués en 1983 et 1996 durant la guerre civile, le pape qui a voyagé à bord d'un airbus A-320 baptisé "le messager de l'espérance" dispose d'un agenda allégé au maximum. Apparemment fatigué par le voyage, le souverain pontife a utilisé pour descendre de l'avion un ascenseur mobile positionné à l'opposé de la tribune officielle et non une passerelle comme la semaine dernière à Toronto (Canada). Plus tôt dans la journée, à son départ du Canada, il avait tenu à monter lui même, soutenu par un ecclésiastique, les 19 marches de la passerelle pour embarquer.
Accueilli par le président Alfonso Portillo qui l'a remercié "pour le message de réconciliation et d'appel au dialogue" qu'il va adresser aux guatémaltèques, Jean-Paul II a confié en espagnol, d'une voix légèrement tremblante et moins audible que lors des Journées mondiales de la jeunesse, sa joie d'être de retour au Guatemala.
Le pape a ensuite parcouru en voiture panoramique les quatre kilomètres séparant l'aéroport de la Nonciature. Sur le trajet d'une vingtaine de minutes, le véhicule conduit à une allure soutenue a roulé sur un tapis de fleurs discontinu composé par les milliers de fidèles qui avaient attendu toute la journée la bénédiction du Saint Père.
Ce troisième voyage pontifical est déjà assuré de marquer l'histoire du Guatemala, après l'annonce samedi du président Portillo de suspendre les exécutions des 36 détenus condamnés à la peine capitale actuellement dans les prisons guatémaltèques et d'abolir la peine de mort. Quelques heures avant l'arrivée du pape, le gouvernement a présenté le projet de loi en faveur de l'abolition de la peine de mort devant le Congrès qui sera appelé à voter dans les prochains jours. Avant sa venue, le pape avait lui même adressé une lettre au président Portillo dans laquelle il lui demandait de ne pas ordonner de nouvelles exécutions.
Cet événement historique pour le pays fera sans doute oublier également l'affront reçu par Jean Paul II lors de sa première visite en 1983. La veille de son arrivée, le dictateur Efrain Rios Montt, également prédicateur d'une secte évangéliste et actuel président du Congrès, avait fait passer par les armes six détenus condamnés à mort dont le Vatican avait imploré la grâce.
A l'issue de la messe de deux heures trente mardi matin, le pape s'accordera plusieurs heures de repos à la Nonciature avant de reprendre l'avion dans l'après-midi, à 16H00 (22H00 GMT), pour se rendre au Mexique, ultime étape du 97ème périple de son pontificat.