MOSCOU - La Russie n'arrive pas à annuler de jure la peine capitale, constate le quotidien Gazeta. Le protocole n° 6 à la Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales, relatif à l'abolition de la peine capitale, n'a même pas été examiné par le comité compétent de la Douma, partie en vacances la semaine dernière. Le chef du comité législatif de la chambre basse du parlement, Pavel Kracheninnikov, avoue qu'il est très difficile d'inscrire à l'ordre du jour un document sur l'annulation de la peine de mort dans un pays où les attentats terroristes sont monnaie courante.
A l'approche de la nouvelle campagne électorale, on aura encore plus de mal à persuader le parlement de s'attaquer à ce problème. Pour plaire à l'électeur, les députés seront obligés de prêter l'oreille à l'opinion publique. Un sondage effectué par le Centre national d'étude de l'opinion publique (Vtsiom) en 2004 a mis en évidence que 84% des personnes interrogées étaient prêtes à soutenir un durcissement de la loi allant jusqu'à l'application de la peine capitale pour renforcer la lutte contre le terrorisme.
Ces états d'esprit ne sont pas ignorés à la Douma. A l'opposé de Pavel Kracheninnikov, le président de la commission pour les problèmes du Caucase du Nord, Vladimir Katrenko, a préparé pour la session de printemps 2006 des amendements aux articles 205 et 206 du Code pénal prévoyant la peine capitale pour terrorisme et prise d'otage.
La situation devient paradoxale du fait que Katrenko et Kracheninnikov appartiennent à la majorité parlementaire constituée par Russie Unie dont tout le credo politique se ramène au soutien de Vladimir Poutine. Or le chef de l'Etat s'est plus d'une fois signalé comme un adversaire de principe de la peine de mort. Le problème ne saurait être rejeté sur les députés de la législature suivante : en mai 2006 la Russie présidera le Comité des ministres du Conseil de l'Europe et le problème de la peine capitale doit donc être résolu.
Le président du comité des affaires internationales de la chambre haute du parlement russe, Mikhaïl Marguélov, se déclare convaincu que la Russie doit enfin ratifier ce document international important et mettre un terme aux spéculations, faute de quoi "nos ennemis regarderont avec un verre grossissant tous les engagements que la Russie n'a pas remplis" pour contester les compétences russes au Conseil de l'Europe.