MOSCOU - La chambre basse du parlement russe n'a pas l'intention de s'occuper dans l'immédiat du problème de la peine capitale, autrement dit de ratifier le 6e protocole à la Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales qui annule de jure la peine de mort, écrit la Gazeta. Le Kremlin voudrait faire durer le problème pour éviter qu'une décision, très impopulaire dans la société, nuise à la côte de popularité du "parti au pouvoir" et de l'éventuel successeur du président. Cela risque pourtant de ternir gravement la réputation de la Russie dans l'arène internationale, surtout à la lumière de la présidence de la Russie du Comité des ministres du Conseil de l'Europe à partir de mai 2006.
D'après les résultats d'un sondage effectué par le Centre analytique de Iouri Levada en juillet 2005, 65% des personnes interrogées sont favorables à la peine capitale. Les autorités ne prendront pas en compte l'opinion de la majorité et feront durer le règlement du problème le plus longtemps possible, affirme avec conviction le directeur du Centre des communications politiques et économiques Dmitri Orlov. L'abolition de la peine de mort risque d'avoir un impact négatif sur la popularité de Russie Unie et pour cette raison la ratification du 6e protocole sera reportée sine die, ajoute l'expert.
"La dernière session de l'APCE a confirmé que la peine de mort est un thème actuel en Europe mais ce n'est qu'un aspect juridique formel du problème parce que la Russie respecte à la lettre son moratoire sur l'exécution des sentences de mort", explique le chef adjoint du comité des affaires internationales du Conseil de la Fédération et ancien ambassadeur de Russie à l'UE, Vassili Likhatchev, qui avait pris part à la préparation du dossier d'adhésion de la Russie au Conseil de l'Europe en 1996.
A son avis, vu les tâches intérieures de la lutte contre la criminalité, la Russie ratifiera le 6e protocole probablement dans trois à cinq ans lorsque le pays aura élu un nouveau président et un nouveau parlement.