ROME (AP) -- L'Italie a officiellement accordé l'asile jeudi au ressortissant afghan qui avait encouru la peine de mort dans son pays pour s'être converti au christianisme, a annoncé le ministère de l'Intérieur.
Abdul Rahman, qui bénéficie de mesures de protection depuis son départ d'Afghanistan cette semaine vers un lieu en Italie tenu secret, a vu sa demande d'asile approuvée parce qu'il a été »persécuté pour des motifs religieux», a précisé le ministère, citant la convention de Genève de 1961 sur les réfugiés.
Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a précisé que Rahman, 41 ans, était arrivé en Italie mercredi avant l'aube. Il avait auparavant affirmé que l'Italie serait heureuse d'accueillir cet homme, dont il avait salué le «courage».
Un dirigeant de la communauté musulmane italienne s'est déclaré satisfait de l'attitude de Rome dans cette affaire, assurant qu'aucune manifestation n'était prévue dans le pays. «Selon nous, l'apostasie est un péché grave, mais on fait pénitence pour cela dans l'au-delà, pas sur terre», a expliqué Mario Scialoja, président de la Ligue musulmane mondiale, basée à Rome.
Le chef de l'opposition de centre-gauche Romano Prodi, dont la coalition est en tête dans les sondages à l'approche des élections législatives du 9 et 10 avril, a également approuvé l'attitude des autorités.
Rahman est «un réfugié politique», a-t-il souligné lors d'une conférence de presse. «J'approuve totalement qu'on lui accorde l'asile politique parce que c'est une affaire sérieuse et j'espère qu'il peut être protégé de manière adéquate.»
Emprisonné à Kaboul, Rahman avait été remis en liberté lundi, la justice afghane ayant rejeté les charges d'apostasie pesant sur lui faute de preuve et en invoquant son état mental. Son sort avait suscité un appel du pape Benoît XVI et conduit les autorités américaines et d'autres pays à demander au gouvernement afghan qu'il protège le converti.
En Afghanistan, l'apostasie est un crime passible de la peine de mort en vertu de la loi islamique.