Tokyo - Le Japon a procédé vendredi aux pendaisons de trois condamnés à mort, les premières depuis le début 2007, s'attirant les critiques d'Amnesty international qui a accusé les autorités nippones de vouloir accélérer les exécutions dans l'Archipel.
«Trois détenus ont été exécutés aujourd'hui», a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère de la Justice sous couvert de l'anonymat.
Conformément à l'usage, le porte-parole a refusé de donner l'identité des prisonniers pendus, comme le lieu de leur exécution.
Mais selon l'agence Kyodo, les condamnés à mort exécutés sont Yoshikatsu Oda, Masahiro Tanaka, et Kosaku Nada, qui étaient respectivement détenus à Fukuoka (sud), Tokyo, et Osaka (ouest) pour divers meurtres.
Les pendaisons de vendredi surviennent à la veille de la trêve traditionnelle de la «Golden Week», une semaine de congé début mai, quand toute activité s'arrête au Japon.
Elles ont toutefois eu lieu alors que le Parlement est en pleine session, ce qui est rare, notent les observateurs, car les autorités préfèrent éviter toute polémique politique.
Amnesty international fustige régulièrement le «secret» entourant les exécutions au Japon.
Le 25 décembre dernier, jour de Noël, les autorités japonaises avaient envoyé à la potence quatre condamnés à mort pour meurtre, dont deux septuagénaires.
Ces exécutions avaient mis un terme à un moratoire de plus de quinze mois sur le châtiment suprême.
La dernière pendaison remontait à septembre 2005, quelques jours avant l'entrée en fonctions du ministre de la Justice Seiken Sugiura, un avocat fermement opposé à la peine capitale en raison de ses convictions bouddhistes.
Mais après l'arrivée au pouvoir en septembre 2006 du premier ministre conservateur Shinzo Abe, lui-même partisan de la peine capitale, M. Sugiura avait été remplacé.
Son successeur, Jinen Nagase, avait alors laissé entendre que les exécutions reprendraient.
Selon Amnesty international, les exécutions de vendredi laissent présager une accélération des exécutions au Japon, où près de 100 condamnés restent dans les couloirs de la mort.
«Le recours à la peine capitale recule dans le monde. En outre, la sécurité publique s'améliore au Japon. Et malgré ça, le Japon a tendance à décider de peines de plus en plus sévères», a déploré Makoto Teranaka, porte-parole d'Amnesty international Japon.
«C'est très inquiétant du point de vue des droits de l'homme», a-t-il estimé.
En 2006, 22 personnes ont été condamnées à mort par la justice japonaise.
Réputé pour sa faible criminalité, le Japon est, avec les États-Unis, le seul grand pays industrialisé à ne pas avoir aboli la peine capitale.
Régulièrement interpellées par les associations de défense des droits de l'homme et l'Union européenne abolitionnistes, les autorités nippones rappellent que 80% des Japonais sont partisans de la peine de mort, selon les sondages.
Le condamné le plus célèbre du pays est Shoko Asahara, gourou fondateur de la secte Aum Vérité Suprême, condamné au gibet en 2004 pour un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo (12 morts et 5.500 blessés) en 1995 ainsi que pour 15 autres homicides.