BRUXELLES - La Pologne a bloqué jeudi une proposition pour créer une "Journée européenne contre la peine de mort" le 10 octobre, le même jour que la journée mondiale déjà existante depuis 2003, a-t-on appris de source européenne.
Lors d'une réunion de représentants des 27 à Bruxelles, la Pologne a refusé de donner son accord à cette proposition de la Commission européenne, déjà soutenue par le Parlement européen et qui nécessite encore l'accord unanime des Etats membres.
Varsovie, qui est actuellement dirigée par le gouvernement très conservateur et catholique des frères Kaczynski, juge cette journée sans intérêt car la peine de mort est déjà abolie dans tous les pays européens.
Elle voudrait créer à la place "une Journée de défense de la vie, qui condamnerait à la fois la peine de mort, l'avortement et l'euthanasie", selon cette source.
La présidence portugaise de l'UE a estimé lors de cette réunion tout débat sur la proposition polonaise "inutile" car "il n'y a pas de politique européenne sur l'euthanasie et l'avortement, alors qu'il y en a une pour l'abolition de la peine de mort".
Les frères Kaczynski au pouvoir en Pologne ont regretté par le passé ouvertement que la peine de mort ait été abolie en Europe.
En août 2006, ils ont pris une initiative sans lendemain pour tenter de modifier la Convention européenne des droits de l'homme, qui s'applique aux 47 Etats membres du Conseil de l'Europe, basé à Strasbourg, et leur interdit de pratiquer la peine de mort.
La Pologne est en outre entrée en campagne électorale après la rupture de la coalition cet été entre le parti PiS des frères Kaczynski et les populistes et l'extrême-droite. Des élections anticipées sont prévues à l'automne.
La présidence portugaise espère convaincre la Pologne de changer d'avis d'ici le 9 octobre, date à laquelle doit être signée à Lisbonne la déclaration commune de l'UE et du Conseil de l'Europe instaurant cette "Journée européenne" et réclamant l'abolition universelle de la peine de mort.
Selon Amnesty International, 1.591 personnes ont été exécutées dans le monde en 2006. La Chine, le Pakistan, l'Iran, l'Irak, le Soudan et les États-Unis sont les principaux pays qui appliquent encore la peine de mort.