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Le Canada rappelle aux Afghans de ne pas exécuter les prisonniers

dépêche de presse du 9 octobre 2007 - Presse Canadienne
OTTAWA - Le ministère des Affaires étrangères du Canada a émis mardi une discrète réaction à l'exécution récente de 15 prisonniers en Afghanistan.

Refusant de critiquer le gouvernement du président Hamid Karzaï, le ministère a noté que les prisonniers capturés par l'OTAN ne devaient pas être condamnés à mort et que les droits de la personne, de façon générale, devaient être respectés.

Un porte-parole des Affaires étrangères a lu une brève déclaration après que des organisations défendant les droits de la personne eurent critiqué le silence d'Ottawa à ce sujet.

"Le Canada s'attend à ce que l'Afghanistan respecte ses obligations vis-à-vis des droits internationaux de la personne", a déclaré Jamie Christoff.

"Les ententes que le gouvernement du Canada a signées avec le gouvernement de l'Afghanistan à propos du traitement des détenus stipule qu'aucun détenu transféré par le Canada ne peut être condamné à la peine de mort."

Cette sobre déclaration offre un fort contraste avec la réaction du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, qui a qualifié les exécutions d'"extrêmement malvenues".

Le Canada et les Pays-Bas sont tous deux opposés à la peine de mort.

Un membre influent du Parti conservateur qui a demandé l'anonymat a laissé entendre que le gouvernement Harper était hésitant à "interférer" avec les affaires internes des Afghans. Des responsables militaires canadiens à Kandahar ont offert la même explication.

Les prisonniers ont été jugés en vertu de la loi afghane, ont indiqué des responsables gouvernementaux. Mais plusieurs organisations, dont les Nations unies, se sont inquiété de l'état du système de justice dans le pays, qui a été décrit comme un "système en cours d'élaboration".

Des groupes de défense des droits de la personne ont déploré mardi le silence d'Ottawa face à l'exécution des prisonniers en Afghanistan, ce qui, selon eux, soulève de vives inquiétudes quant à la politique du gouvernement conservateur au sujet du transfert de prisonniers aux autorités afghanes.

"Ceci jette une ombre sur notre engagement avec le gouvernement afghan en général", a estimé Paul Champ, un avocat pour Amnistie internationale.

"Lorsqu'il est question des détenus que le Canada et les autres pays de l'OTAN remettent (aux autorités afghanes), nous devons être sérieusement inquiets de la possibilité que la peine de mort soit appliquée contre eux."

Le responsable des prisons afghanes a annoncé dimanche que 15 détenus avaient été exécutés, dont l'homme responsable des meurtres de trois journalistes occidentaux et d'un photographe afghan en 2001. Il s'agissait des premières exécutions en trois ans par le gouvernement afghan.

Le gouvernement afghan affirme qu'il continuera à exécuter des prisonniers, mais pas ceux capturés par les forces de l'OTAN - une promesse qui n'inspire pas confiance à Me Champ puisque les détenus des prisons afghanes sont régulièrement portés disparus.

"Ils ne peuvent se fier à aucune des assurances que le gouvernement afghan fournit, a-t-il estimé. Ce n'est pas parce que le gouvernement afghan est trompeur ou malhonnête. Les faits sont simplement les suivants: ils n'ont pas la capacité de s'assurer qu'ils vont respecter ces promesses."

Les exécutions ont eu lieu alors que le ministre canadien des Affaires étrangères, Maxime Bernier, était de passage à Kandahar pour une visite officielle.

A Kandahar, le critique libéral en matière de défense, Denis Coderre, s'est inquiété des exécutions et s'est demandé si le système judiciaire afghan était assez juste et indépendant pour permettre un châtiment si extrême. Selon lui, cela rappelle l'époque où les talibans faisaient des exécutions publiques dans des stades de soccer.

"Je suis contre la peine de mort, alors je suis très, très inquiet, a-t-il dit. Les talibans faisaient ça. C'est la même chose."

Amnistie internationale et l'Association des droits civils de la Colombie-Britannique ont tous deux tenté de mettre fin au transfert des prisonniers capturés par les troupes canadiennes aux autorités afghanes. Les deux groupes jugent que les antécédents douteux du gouvernement afghan au chapitre des droits de la personne laissent croire que les prisonniers pourraient être torturés ou tués.
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