Agence France-Presse - Tokyo - Trois condamnés à mort, dont un septuagénaire, ont été pendus vendredi à l'aube au Japon, portant à neuf le nombre d'exécutions capitales dans le pays cette année, a annoncé le ministère de la Justice.
Trois autres condamnés avaient été pendus en août et trois autres en avril.
Pour la première fois, le ministère a rendus publiques dans un communiqué les identités des condamnés exécutés vendredi. Il se bornait jusqu'à présent à annoncer les exécutions sans fournir le moindre détail.
Il s'agit de Seiha Fujima, 47 ans, de Hiroki Fukawa, 42 ans, tous deux pendus à la prison de Tokyo, et de Noboru Ikemoto, 75 ans, mis à mort à la prison d'Osaka (ouest). Tous trois avaient été condamnés pour des meurtres.
Ces trois exécutions sont les premières ordonnées par le ministre de la Justice Kunio Hatoyama, qui a pris ses fonctions en août dernier. M. Hatoyama est un fervent partisan de la peine de mort, même s'il a récemment prôné une méthode d'exécution plus «pacifique» que le gibet.
Pour qu'un condamné soit pendu, la loi japonaise exige actuellement qu'un ordre d'exécution soit personnellement signé par le ministre de la Justice. En théorie, cet arrêt de mort doit être signé dans les six mois qui suivent la condamnation définitive, mais dans la pratique les condamnés à mort attendent en général des années, et souvent même des décennies, avant d'être exécutés.
M. Hatoyama a suggéré récemment que l'exécution intervienne «automatiquement» dans les six mois, sans attendre l'accord du ministre de la Justice. Ces déclarations avaient soulevé un tollé parmi les organisations de défense des droits de l'homme japonaises et internationales.
Le 25 décembre 2006, jour de Noël, les autorités japonaises avaient envoyé à la potence quatre condamnés pour meurtres, dont deux septuagénaires.
Ces exécutions avaient mis un terme à un moratoire de facto de plus de quinze mois, en raison des convictions abolitionnistes du ministre de la Justice de l'époque, l'avocat bouddhiste Seiken Sugiura.
M. Sugiura, qui avait toujours refusé de parapher les arrêts de mort, a quitté le gouvernement en septembre 2006.
Le nombre de condamnés attendant dans les couloirs de la mort japonais après avoir épuisé toutes les voies de recours dépasse actuellement la centaine.
Réputé pour sa faible criminalité, le Japon est, avec les États-Unis, le seul grand pays industrialisé à ne pas avoir aboli la peine capitale.
Régulièrement interpellées par les associations de défense des droits de l'homme et l'Union européenne abolitionniste, les autorités nippones rappellent que 80% des Japonais sont partisans de la peine de mort, selon les sondages.
Le condamné à mort le plus célèbre du pays est Shoko Asahara, gourou fondateur de la secte Aum Vérité Suprême, condamné au gibet en 2004 pour un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo (12 morts et 5500 blessés) en 1995 ainsi que pour 15 autres homicides.