La justice chinoise a prononcé les premières condamnations à mort envers des émeutiers de Lhassa plus d'un an après les violences meurtrières anti-chinoises dans la capitale régionale du Tibet, a rapporté mercredi Chine Nouvelle.
Le tribunal de Lhassa s'est prononcé dans trois affaires distinctes, pour des incendies de magasins qui ont fait sept morts à Lhassa en mars 2008 et où cinq Tibétains étaient poursuivis, selon l'agence officielle chinoise.
Deux se sont vus infliger la peine capitale.
Les manifestations antichinoises avaient débuté le 10 mars à Lhassa, jour anniversaire du soulèvement contre la tutelle de Pékin de mars 1959, avant de prendre une tournure plus violente le 14 mars et de s'étendre à d'autres régions de Chine où vivent des minorités tibétaines.
Pékin avait accusé le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains en exil en Inde, des les avoir fomentées pour saboter les jeux Olympiques de Pékin en août.
Dans la première affaire, Losang Gyaltse a reçu la peine capitale après avoir été reconnu coupable d'avoir mis le feu à deux magasins de vêtements dans le centre de Lhassa le 14 mars 2008, provoquant la mort d'un des propriétaires.
Dans un autre dossier, Loyar, Gangtsu, et Dawa Sangpo étaient poursuivis pour avoir incendié le 15 mars un commerce de motos et motocyclettes près de Lhassa.
Cinq personnes, dont le propriétaire, Liang Zhiwei, sa femme, leur enfant et deux employés, avaient trouvé la mort, selon Chine Nouvelle.
Loyar a été condamné à mort, Gangtsu à la peine capitale avec un sursis de deux ans et Dawa Sangpo à la prison à perpétuité.
Dans le dernier jugement, Tenzin Phuntsog a été condamné à mort avec un sursis de deux ans également pour avoir mis le feu à un magasin de vêtements à Lhassa le 14 mars, causant un mort.
Selon l'agence officielle, un autre dossier d'incendie, qui s'était soldé par cinq morts durant les émeutes de mars, est en cours de jugement.
Contactée par l'AFP, une personne de garde au tribunal n'a pas été en mesure de confirmer les condamnations. Le gouvernement régional n'était pas joignable.
Matt Whitticase, porte-parole du groupe pro-tibétain Free Tibet, basé à Londres, a dénoncé des procès peu équitables.
"Ces premières condamnations à mort nous inquiètent beaucoup. Nous avons vu une série de procès et de jugements ces derniers mois qui se sont déroulés hors des cadres légaux et sans un processus légal juste", a-t-il dit à l'AFP.
Selon les autorités chinoises, les émeutiers de Lhassa en mars 2008 ont tué au total 18 civils et un policier.
Une version contestée par les exilés, pour qui 203 Tibétains ont trouvé la mort à Lhassa et lors de la répression des troubles qui s'étaient propagés dans les régions à population tibétaine environnantes, dans l'ouest de la Chine.
En février, le vice-président du gouvernement régional du Tibet, Baema Cewang, avait fait état de 76 personnes condamnées après les émeutes de l'année dernière dans la capitale de la Région autonome du Tibet, sans donner de détails.
Le chiffre précédent donné par les autorités en novembre avait été de 55.
Cette année, pour le 50e anniversaire de cette insurrection manquée, les autorités chinoises avaient considérablement renforcé la sécurité au Tibet et dans les zones environnantes en mars pour empêcher que des troubles ne se reproduisent.