GENÈVE - La Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme s'est déclarée mardi "très préoccupée" par la condamnation à mort en Iran de trois personnes pour leur participation à des manifestations post-électorales et a demandé un "réexamen soigneux de leurs cas en appel".
Mme Navy Pillay a exprimé dans un communiqué sa "plus vive inquiétude sur le déroulement des récents procès de militants d'opposition" et dit "espérer que ces jugements vont être soigneusement réexaminés par des cours supérieures".
Aux termes des traités internationaux auxquels l'Iran a souscrit, la peine de mort ne peut être prononcée que pour "les crimes les plus graves, et seulement après des procès scrupuleusement équitables", a souligné Mme Pillay en réaffirmant son opposition à la peine capitale.
La peine de mort "pour des crimes qui n'ont pas entraîné mort d'homme est contraire" à la Convention internationale sur les droits civils et politiques, a-t-elle insisté.
Sans identifier les personnes concernées autrement que par leurs initiales, l'Iran a annoncé samedi trois condamnations à mort dans le procès des personnes liées aux manifestations post-électorales de l'été.
Mme Pillay s'est par ailleurs déclarée "profondément affectée" par l'exécution d'un homme pour un meurtre commis alors qu'il était encore mineur.
"Cette dernière exécution montre qu'aucune clémence n'est assurée pour les jeunes jusqu'à ce que l'Iran change ses lois et ses pratiques pour mettre un terme une fois pour toutes aux exécutions de criminels mineurs", s'est indignée Mme Pillay.
Le jeune homme, Behnoud Shojaie, avait été condamné à mort pour avoir tué en août 2005 dans une rixe, à l'âge de 17 ans, un adolescent du même âge.
Il a été exécuté dimanche par pendaison, portant à 231 le nombre de personnes exécutées dans la République islamique depuis le début de l'année, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir d'informations diffusées par la presse locale.
Le Rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Philip Alston, a jugé mardi dans un communiqué que "la peine de mort pour des mineurs est la négation des principes sur la justice pour les mineurs acceptés par tous les Etats, y compris l'Iran".
M. Alston a révélé qu'en réponse à ses courriers sur la condamnation de Behnoud Shojaie, les autorités iraniennes ont assuré qu'elles tentaient "de faire leur possible" pour que la famille du condamné accepte de payer "le prix du sang" à la famille de la victime pour éviter l'exécution.
"De tels efforts de médiation entre la famille de l'enfant condamné et celle de la victime sont bienvenus, mais ils sont totalement insuffisants pour mettre l'Iran en conformité avec ses obligations internationales", a estimé M. Alston.