WELLINGTON — La dissidente ouïghoure en exil Rebiya Kadeer a estimé mardi que les condamnations à mort prononcées lundi contre six émeutiers à Urumqi, capitale de la région chinoise du Xinjiang, allaient "provoquer la colère" de son peuple.
"Cela ne va pas contribuer à créer un climat de paix et de stabilité dans la région, cela va encore accentuer la colère du peuple Ouïghour", a-t-elle déclaré lors d'une visite de quatre jours en Nouvelle-Zélande.
"Pour le peuple Ouïghour du monde entier, c'est un triste jour", a-t-elle déclaré, via un interprète, sur une radio de Auckland.
Six personnes ont été condamnées à mort lundi pour leur participation aux émeutes d'Urumqi début juillet, à l'issue du premier procès des violences qui ont fait près de 200 morts dans la capitale de la région chinoise du Xinjiang, selon les médias officiels chinois.
Plus de trois mois après les troubles, les six accusés ont été reconnus coupables de meurtres.
Le tribunal avait commencé lundi matin l'examen de trois affaires impliquant les sept accusés des émeutes qui ont fait officiellement au moins 197 morts, la plupart des Hans, ultra majoritaires en Chine, tués par des Ouïghours.
Un septième accusé, également poursuivi pour meurtre, a été condamné à la prison à vie pour avoir plaidé coupable et aidé la police à arrêter un complice, selon l'agence officielle et la télévision CCTV.
Selon Mme Kadeer, les accusés n'ont pas eu droit à une défense digne de ce nom ou à un procès équitable.
"Outre les six Ouïghours (condamnés), nous pensons que beaucoup de Ouïghours ont été torturés à mort dans les prisons après le 5 juillet. Cela relève de l'injustice", a ajouté Mme Kadeer, espérant que la communauté internationale réagirait aux condamnations à mort.
La dissidente est arrivée lundi en Nouvelle-Zélande, à l'invitation du Parti vert, un parti minoritaire qui compte 9 sièges au Parlement.
Elle devait prendre la parole mardi et mercredi à Auckland et Wellington et rencontrer les députés verts jeudi avant son départ.
Mardi à l'université d'Auckland, elle a été accueillie par un petit groupe de manifestants pro-Pékin, qui ont brandi une banderole sur laquelle était écrit: "Les terroristes ne sont pas bienvenus à AU(ckland)"
Les autorités chinoises accusent Rebiya Kadeer d'avoir provoqué les violences au Xinjiang du 5 juillet, ce qu'elle nie. La dissidente vit en exil aux Etats-Unis depuis sa libération d'une prison chinoise en 2005.
Le Xinjiang est une région autonome majoritairement peuplée de musulmans, en particulier de Ouïghours, une communauté de langue turque de plus de 8 millions de membres, qui s'estiment souvent victimes d'oppression politique, culturelle et religieuse.