TOKYO — La dissidente en exil Rebiya Kadeer a dénoncé l'exécution de neuf Ouïghours après des émeutes interethniques dans la province chinoise du Xinjiang, tout en renouvelant son appel à négocier avec Pékin.
"Des onze Ouïghours condamnés à mort (...), neuf ont été exécutés", a déclaré mercredi Mme Kadeer dans une interview à l'AFP à Tokyo, où elle a entamé une série de conférences de dix jours au Japon consacrées aux conditions de vie des minorités ethniques et des femmes en Chine.
Les autorités du Xinjiang (nord-ouest de la Chine) ont prononcé à la mi-octobre douze condamnations à la peine capitale après les troubles ayant secoué Urumqi, la capitale de la province, le 5 juillet. Au moins 197 personnes avaient été tuées selon un bilan officiel, principalement des Hans, la principale ethnie en Chine mais minoritaire au Xinjiang, où les Ouïghours musulmans et turcophones sont majoritaires.
"Selon les informations dont nous disposons, plus de 10.000 Ouïghours ont été arrêtés et emprisonnés entre le 5 juillet et le 1er octobre. Mais combien sont morts ou ont été tués, combien sont encore en prison, personne ne le sait", a déploré Mme Kadeer.
La dissidente vit en exil aux Etats-Unis depuis sa libération d'une prison chinoise en 2005 et milite pour les droits des Ouïghours, dénonçant la "répression" de leur culture.
L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), basée à New York, a estimé qu'au moins 43 Ouïghours, dont des enfants, étaient portés disparus depuis les troubles.
S'appuyant sur des témoignages d'habitants du Xinjiang, HRW a affirmé que les autorités chinoises avaient bouclé des quartiers entiers d'Urumqi, arrêtant tous les hommes qui ne se trouvaient pas chez eux lors des émeutes et ceux qui présentaient des blessures.
"Nous voulons parler avec le gouvernement chinois", a toutefois répété Mme Kadeer, expliquant lui avoir écrit en ce sens. "Le gouvernement chinois devrait nous accorder une autonomie (...), mais ils détruisent notre nation, notre éducation, notre religion, notre liberté d'expression", a-t-elle fustigé.
Le gouvernement chinois a protesté mardi contre sa visite dans l'archipel auprès des autorités japonaises.