La justice chinoise a prononcé vendredi trois nouvelles peines de mort après les émeutes meurtrières interethniques de juillet à Urumqi, au Xinjiang, portant le total à huit en deux jours, a rapporté l'agence Chine Nouvelle.
Au total à ce jour, 17 personnes ont été condamnées à la peine capitale depuis les émeutes qui ont fait près de 200 morts en juillet - les pires violences en Chine depuis des décennies - dont neuf ont été exécutées début novembre. Deux des condamnés à mort de vendredi, Heyrinisa Sawut et Ruzikhari Niyaz, ont des noms à consonance ouïgoure, ethnie majoritaire au Xinjiang, de langue turque et musulmans, le troisième, Li Longfei, semble être Han, l'ethnie ultra-majoritaire en Chine.
Ils ont été reconnus coupables de meurtres à Urumqi, respectivement le 5 juillet pour les deux premiers et le 7 juillet pour le troisième.
Les principales victimes lors des violences de juillet avaient été des Hans. Les jours suivants, ces derniers s'étaient vengés, lançant des expéditions punitives contre des Ouïghours dans les rues d'Urumqi, capitale de la région autonome du Xinjiang, aux confins de l'Asie centrale.
Vendredi, le tribunal d'Urumqi a également condamné un accusé à la prison à vie et trois autres à diverses peines de prison.
Au total, 41 personnes ont été jugées, lors de plusieurs procès dont le premier a eu lieu en octobre.
Jeudi, 13 personnes avaient été jugées, dont cinq condamnées à mort.
Selon la dissidence ouïgoure en exil, les violences avaient éclaté à Urumqi après une manifestation pacifique de protestataires demandant la lumière sur le meurtre de deux Ouïghours dans une usine du sud de la Chine.
Les autorités, elles, ont accusé les «séparatistes ethniques» de ces violences, sans fournir de preuves.
Au Xinjiang, une partie de l'ethnie majoritaire ouïgoure - 8 millions de personnes - dénonce la discrimination religieuse et culturelle dont elle fait l'objet sous couvert de lutte antiterroriste et la présence accrue de Hans, venus du reste de la Chine dans le cadre de la politique de développement économique de cette région.
Jeudi, la dissidente ouïgoure en exil Rebiya Kadeer avait dénoncé les derniers procès, les qualifiant d'«injustes» et de «politisés».
«Le gouvernement chinois a effrontément ignoré tous les principes du droit dans une campagne visant à réduire au silence et à intimider la population ouïgoure au moyen d'exécutions et d'emprisonnements de masse», avait-elle dénoncé.
Les émeutes avaient été suivies d'arrestations en masse dans la communauté ouïgoure.
Une quinzaine de Ouïghours ont fui la Chine pour le Cambodge où ils ont demandé l'asile politique avec l'aide du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a indiqué vendredi un porte-parole du gouvernement cambodgien