La parole a été donnée jeudi aux victimes, ex-condamnés à mort, lors du 4e congrès mondial contre la peine de mort à Genève.
Plusieurs participants ont exprimé leur optimisme quant à une possible abolition de la peine capitale au plan mondial.
«La pression internationale augmente», affirme Joaquim José Martinez, condamné à mort en Floride en 1997 avant d'être innocenté et relâché en 2001. «Il y a davantage de pression qu'il y a dix ans», constate-t-il en marge de plusieurs tables rondes, projections de documentaires et d'expositions.
«Le seul fait que la Suisse accueille un congrès de cette importance et que des dirigeants politiques de plusieurs pays y participent montre que la question est prise au sérieux», fait-il remarquer.
Il souligne «un changement graduel» aux Etats-Unis. Pour lui, les Etats-Unis ont un rôle clef à jouer dans la lutte pour l'abolition. Si les Américains sont convaincus que la peine de mort est inutile et qu'elle peut être contraire à la justice, ils pourraient ensuite être à la pointe du combat pour son abolition dans le reste du monde, dit-il.
L'ex-condamné à mort estime que la fin des exécutions est possible aussi en Chine et en Iran, mais à plus long terme. L'échéance de 2015 fixée mercredi par le premier ministre espagnol José Luis Zapatero pour un moratoire universel lui apparaît réaliste, si un grand nombre de pays se joignent au mouvement international.
«Un moratoire sur les exécutions en 2015 est possible», affirme de son côté l'ex-ministre français de la justice Robert Badinter. «La bataille doit se faire Etat par Etat, c'est le mouvement qui compte», dit-il. Cinquante-huit Etats sur 192 n'ont pas aboli la peine de mort.
Il souligne que la peine de mort n'est pas dissuasive pour les actes terroristes, puisque les auteurs d'attentats-suicide sont prêts à sacrifier leur vie. «Il faut faire sauter les dernières bastilles», déclare l'ancien ministre de François Mitterrand, artisan de l'abolition de la peine de mort en France.
Selon lui, les Etats-Unis sont sur la voie de l'abolition. Dans les pays islamistes, les conditions sont plus difficiles, car l'on se heurte à «la loi de Dieu». «La charia permet les exécutions capitales, elle n'ordonne pas», souligne Robert Badinter. Le mouvement abolitionniste doit venir des musulmans eux-mêmes, estime le juriste.
Une déclaration finale du congrès doit être adoptée vendredi et remise à la Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay. La conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey s'adressera aux 1500 participants lors de la séance de clôture.