KOWEIT - Une Koweïtienne a été condamnée mardi à la peine capitale pour avoir provoqué un incendie dans une tente de mariage qui avait fait 57 morts, tous des femmes et des enfants, dans un drame de la jalousie qui avait bouleversé le Koweït.
Le 15 août 2009, Nasra Mohammad al-Enezi, 23 ans, mue par la jalousie selon la presse, a mis le feu dans une tente accueillant les invités, femmes et enfants, de son mari qui célébrait ses deuxièmes noces.
Le juge Adel al-Sagher présidant un tribunal de première instance a prononcé le verdict contre la jeune femme qui n'était pas présente dans la salle d'audience, selon un correspondant de l'AFP sur place.
Il a retenu contre elle les accusations de "meurtre avec préméditation et d'avoir provoqué un incendie avec l'intention de tuer".
Ce jugement peut être révisé en appel et faire ensuite l'objet d'une demande de cassation mais s'il est confirmé, la condamnée sera exécutée par pendaison comme c'est de coutume au Koweït.
Lors de son procès ouvert en octobre, la jeune femme était apparue frêle et parlant à peine avant de plaider non coupable.
L'enquête avait déterminé qu'elle avait aspergé la tente d'essence avant d'y mettre le feu. Les convives n'ont pas eu le temps de quitter la tente qui s'est effondrée sur eux. La mariée, elle, est parvenue à échapper à l'incendie, tout comme le marié puisqu'il se trouvait dans une autre tente réservée aux hommes.
Le premier bilan de 41 morts n'avait cessé d'augmenter pour atteindre 57.
L'avocat de la défense Zaid al-Khabbaz a affirmé qu'il allait s'employer en appel à prouver l'innocence de sa cliente.
"Le verdict prononcé contre cette femme innocente est très sévère", a-t-il dit à l'AFP, affirmant que la condamnation est "plus politique que criminelle car le tribunal était sous l'influence de l'opinion publique", outragée par l'acte de la jeune femme.
Selon lui, le procureur général a échoué à "prouver sans équivoque que Nasra avait perpétué l'acte (l'incendie)" et "l'affaire contient plusieurs zones d'ombre".
Me Khabbaz a assuré que la défense allait initier, si besoin est, des contacts avec des organisations internationales de défense des droits de l'Homme pour "sauver la tête d'une innocente".
Lors d'une précédente audience, une bonne asiatique avait témoigné avoir vu l'accusée mettre le feu dans la tente dressée dans la banlieue de Jahra, à quelque 40 km à l'ouest de la capitale koweïtienne.
Les avocats avaient affirmé lors du procès que Nasra Mohammad al-Enezi, enceinte de deux mois au moment des faits, avait été forcée à avorter par une gardienne de prison avec l'aide d'une infirmière, agissant pour le compte de son mari.
Après l'incendie, l'émir du Koweït Jaber al-Ahmad Al-Sabah avait, dans un geste de compassion, fait don de 35.000 dollars aux familles de chaque victime.