TOKYO — Deux condamnés à mort pour meurtre ont été exécutés par pendaison mercredi au Japon pour la première fois depuis l'arrivée au pouvoir du Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche) en septembre 2009, a annoncé le gouvernement.
L'un des pendus, Kazuo Shinozawa, 59 ans, avait tué six personnes en mettant le feu à une bijouterie du nord-est de Tokyo et l'autre, Hidenori Ogata, 33 ans, avait tué un homme et une femme et grièvement blessé deux autres victimes dans le nord de la capitale.
Les précédentes pendaisons, concernant trois condamnés dont un Chinois, avaient eu lieu il y a un an jour pour jour, à l'époque où les conservateurs du Parti Libéral-Démocrate étaient encore aux affaires.
Aucune sentence n'avait été appliquée depuis que le PDJ avait pris la direction du gouvernement au mois de septembre suivant, après sa victoire aux élections législatives, que ce soit sous le Premier ministre Yukio Hatoyama ou son successeur, Naoto Kan.
Le parti majoritaire n'avait pas expressément annoncé de moratoire, mais la ministre de la Justice, Keiko Chiba, dont la signature est nécessaire, n'avait jusqu'à présent donné son feu vert à aucune exécution en raison de son opposition personnelle à la peine capitale.
Mme Chiba, avocate de profession, a déclaré à la presse avoir assisté en personne aux exécutions mercredi.
"J'ai ordonné moi-même ces exécutions, il était donc de ma responsabilité d'y assister", a-t-elle expliqué, ajoutant qu'elle pensait être la première ministre de la Justice à le faire.
"Cela m'a fait réfléchir une fois de plus à la peine de mort et j'ai de nouveau senti profondément le besoin d'une discussion d'ampleur sur la sentence capitale", a souligné Mme Chiba.
Elle a annoncé le lancement d'une étude ministérielle sur la peine de mort et décidé d'ouvrir la chambre d'exécution aux médias pour la première fois, bien qu'en dehors des heures de pendaison, pour que le public puisse se faire une idée du système.
La ministre a récemment subi une défaite personnelle lors des élections sénatoriales du 11 juillet, où elle n'est pas parvenue à se faire réélire à son siège de parlementaire.
Des voix s'étaient alors élevées au sein de l'opposition pour réclamer son départ du gouvernement mais le Premier ministre l'avait confirmée dans ses fonctions, au moins jusqu'au prochain remaniement ministériel qui pourrait intervenir au mois de septembre.
Le Japon est le dernier grand pays industrialisé, avec les Etats-Unis, où la peine capitale est encore en usage et 107 détenus sont dans les couloirs de la mort. Les autorités justifient son maintien par le soutien dont elle jouit parmi la population.
L'archipel est souvent critiqué par des organisations de défense de droits de l'homme pour la pratique de la peine de mort elle-même mais aussi pour les conditions d'internement des condamnés, qui sont maintenus jusqu'au dernier moment dans l'ignorance la plus totale quant à la date de leur exécution.
Le PDJ avait promis avant sa victoire aux législatives de 2009 d'"encourager un débat national" sur cette question, mais le sujet est depuis resté plutôt dans l'ombre.
Le mouvement de centre-gauche a depuis perdu sa majorité au Sénat, ce qui l'oblige à trouver des alliés à la chambre haute du Parlement et rend beaucoup plus compliqué le lancement d'une éventuelle modification de la loi sur la peine capitale.