L'initiative populaire en faveur de la réintroduction de la peine capitale a vécu. Au lendemain du feu vert officiel pour la récolte de signatures, les initiants ont retiré le texte. Ils voulaient surtout attirer l'attention sur des dysfonctionnements de la justice.
Lancé par des proches d'une victime, l'initiative demandait la peine de mort en cas d'assassinat en lien avec un abus sexuel. L'initiant principal Marcel Graf précise que le texte a été préparée avec sérieux et qu'elle n'a pas été une simple provocation "même si nous n'y sommes pas allés avec le dos de la cuiller". L'énorme retentissement l'a cependant surpris, avoue-t-il.
Les limites ont été dépassées lorsque Marcel Graf et sa famille ont reçu non seulement des réactions positives ou négatives, mais aussi des appels anonymes nocturnes. La sécurité de sa famille passe avant tout, c'est pourquoi il a décidé de retirer l'initiative, a ajouté M.Graf.
Sur son site Internet, le comité maintient toutefois que la peine de mort "telle que décrite dans le texte de l'initiative serait la solution à de nombreux points". Les initiants exigent de la justice un positionnement plus clair du côté des victimes.
La Chancellerie fédérale avait mardi officiellement donné son aval à la récolte des 100'000 signatures nécessaires à l'aboutissement de l'initiative. Elle s'était prononcée uniquement sur les aspects formels.
Fer de lance de la lutte contre la peine de mort, Amnesty International a exprimé son soulagement. "L'Assemblée fédérale ne se retrouvera pas dans la situation délicate de devoir invalider cette initiative", a souligné à l'ATS la porte-parole de la section suisse Manon Schick.
De fait, la peine capitale a été abolie dans le code pénal en 1942 et dans le code pénal militaire en 1992. La dernière exécution civile date de 1940 et celle appliquée par l'armée, de 1944.