BERNE (AP) — A la surprise générale, les partisans du rétablissement de la peine de mort en Suisse ont abandonné leurs démarches en faveur d'un référendum, 24 heures à peine après avoir reçu l'aval formel de la Chancellerie fédérale.
Dans un bref communiqué diffusé mercredi sur leur site, ils expliquent que le lancement d'une telle initiative populaire était pourtant le seul moyen à leur disposition pour se faire entendre. S'ils dénoncent un système juridique "entièrement du côté" des auteurs d'un crime, au détriment des victimes et de leurs proches, ils ne disent pas explicitement pourquoi ils interrompent leur démarche.
Le chemin vers un éventuel vote populaire était de toute façon encore très long et incertain. Si l'initiative devait aboutir -à savoir si 100.000 signatures valables sont recueillies-, l'Assemblée fédérale avait ensuite à se prononcer sur sa validité non plus seulement formelle mais politique. Ses membres devaient dire notamment si la peine de mort, supprimée en 1942, peut être rétablie sans entrer en contradiction avec d'autres règles, éthiques ou juridiques, et d'autres engagements, en particulier internationaux, de la Suisse.
Mercredi, le comité pour le rétablissement de la peine de mort en cas d'assassinat avec abus sexuel sur un enfant a simplement jugé que "l'Etat de droit actuel est entièrement du côté des criminels" et que l'instruction ne donne aux victimes nullement voix au chapitre, avec des parents réduits au rôle de spectateurs. Aux hommes politiques, il lance: "La balle est dans leur camp" et demande de ne plus être contacté.
Selon divers médias helvétiques, ce comité serait constitué de personnes de cantons de Suisse centrale réunies à l'occasion du meurtre d'une jeune femme d'origine cambodgienne domiciliée à Lucerne et tuée par son ami en avril 2009. Cette affaire est encore dans la mains de la justice.